L’exemple de la zone euro afin d’éclaircir la politique américaine permet de saisir les enjeux d’une baisse successive de taux comme ce fût le cas aux Etats-Unis depuis l’été dernier. Depuis le début des années 1990, la France et les pays de la zone euro connaissent un rythme de croissance ralenti; en même temps, les taux d’intérêt réels sont élevés et l’investissement s’avère peu dynamique. Le taux d’intérêt réel correspond au prix à payer lorsqu’un agent économique – ménage ou entreprise – emprunt de l’argent pour consommer ou investir. Si la faiblesse des taux d’intérêt semble de facto contribuer à la reprise de la consommation et de l’investissement, donc de la croissance, ce raisonnement n’est pas toujours vérifié. Des taux d’intérêt bas ne sont pas suffisants dans certains contextes économiques.
La baisse des taux d’intérêt agit sur le niveau de consommation des ménages. Si le coût du crédit à la consommation baisse, les ménages hésitent moins à s’équiper en biens durables (l’électroménager, par exemple). De plus, ils peuvent accéder à la propriété d’un logement si le coût du crédit immobilier diminue; la relance de l’immobilier contribue de manière importante à celle de la croissance économique par le biais d’un effet d’entraînement lié à la reprise du secteur du bâtiment.
Le niveau des taux d’intérêt est également un déterminant essentiel de la décision d’investir des entrepreneurs, une baisse des taux réels permettant davantage de rentabilité des investissements. La majorité des PME n’a pas accès aux marchés financiers et doit faire appel au crédit pour financer ses investissements, si ses profits ne sont pas suffisants. L’investissement agit sur la croissance via les conséquences sur l’offre (remplacement des machines usagées) et sur la demande (pour les producteurs de biens d’équipement). Les effets positifs sur la confiance des ménages ont aussi été démontrés.