Même si certaines voix changeront, la prochaine grille de la station devrait rester résolument généraliste.
En confirmant dès le mois de mai une nouvelle refonte de la grille, Fabien Namias, directeur général d’Europe 1 depuis le 6 mai, stoppe court aux rumeurs et envoie un signal clair à sa direction ainsi qu’aux annonceurs : la station se remet en ordre de marche. Les nouvelles voix, qui s’installeront fin août, disposeront de deux saisons pour « réduire l’écart avec RTL » (11,9 % d’audience cumulée), affirme Fabien Namias dans Le Monde.
Créditée de 8,5 % d’audience cumulée (le nombre de personnes ayant écouté au moins une fois le média durant la journée) dans le dernier sondage Médiamétrie, en recul de 0,5 point par rapport au premier trimestre 2012, Europe 1 a perdu 246.000 auditeurs sur un an. Elle se positionne néanmoins au rang de quatrième radio de France, en devant son maintien à la dégringolade de France Info, qui devrait être profondément remaniée à la rentrée. Ces chiffres sont, pour Lagardère Active, insuffisants : fixé il y a trois ans, l’objectif des 10 % d’audience cumulée devait être atteint très rapidement.
« Journaliste innovant, incisif, cultivé, réactif » selon Fabien Namias, Thomas Sotto (qui présente Capital sur M6 et a officié sur BFMTV) reprendra les commandes de la matinale, malmenée depuis plusieurs années. Recentrée sur l’information, elle connaitra donc de nouvelles évolutions. Arrivé en 2011 sur ce carrefour stratégique, l’équivalent du prime-time en radio, Bruce Toussaint, n’a pas réussi à s’imposer. L’enjeu pour la station est d’enfin stabiliser cette tranche, dont les titulaires n’ont eu de cesse de défiler ces dernières années.
Pas de changement de format en vue
En matinée, Michel Drucker, qui a émis le souhait de faire une pause, sera remplacé par Cyril Hanouna. Le talk-show Faites entrer l’invité sera remplacé par une émission traitant également de culture, mais s’élargissant à l’actualité générale. Après avoir proposé durant de nombreuses années une émission consacrée à la découverte, puis avoir tenté l’expérience d’un jeu à l’instar de sa concurrente RTL – sans succès – Europe 1 persiste donc dans cette voie, malgré l’échec du programme actuel, distancé par Les grandes gueules de RMC.
Cette dernière station enregistre depuis plus de dix ans une hausse quasi-ininterrompue de ses audiences, un cas unique dans l’histoire de la radio. RMC a certes bénéficié d’un élargissement de son réseau de fréquences, mais a également su bâtir un ton original dans le paysage, avec une grille particulièrement stable bâtie en trois blocs (l’info, le talk et le sport). A 7,8 % d’audience cumulée, elle menace de plus en plus Europe 1 – son animateur phare Jean-Jacques Bourdin ne s’est pas privé de mentionner cet objectif – et l’a même devancé, sur cet unique critère, en Ile-de-France.
En renouvelant seulement un tiers de la grille, Fabien Namias ne s’attaque donc pas frontalement aux difficultés d’Europe 1, prise en étau entre les programmes généralistes de France Inter et de RTL et ceux, plus spécialisés, de RMC. La station peut pourtant profiter de cette période pour profondément se remettre en question. « Nous avons souhaité radicaliser la grille pour mieux exprimer notre identité », explique, certes, Fabien Namias. La stabilité annoncée dans le reste des programmes semble néanmoins caractériser le sentiment d’hésitation qui caractérise les grilles de ces dernières années, toujours constituées sous forme d’une imbrication de tranches d’information, de magazines et de divertissement.
La grille 2009/2010 témoigne notamment de cette posture : Europe 1 a alors tenté, sous la houlette d’Alexandre Bompard (précédemment directeur des sports de Canal+, PDG de la Fnac depuis 2011) de renforcer sa couverture du sport avec de larges tranches en soirée et le week-end, avant de se ravir l’année suivante et de cantonner cette thématique à quelques heures au profit d’émissions culturelles. Avec une telle instabilité, difficile de fidéliser, surtout en radio, média d’habitude par excellence…