Les ravages de la crise financière n’en finissent plus de faire des dégâts. Un après la mise au grand jour des dérives liées aux subprimes, deux institutions financières américaines d’importance sont menacées de mise sous tutelle gouvernementale. La Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et la Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac), qui rachètent depuis quarante ans des prêts aux banques, sont des établissements privés mais liés au gouvernement par une ligne de crédit garantie par celui-ci. Ils peuvent ainsi emprunter de l’argent à des taux plus faibles que ceux en vigueur sur le marché.
« Notre priorité est de soutenir Fannie Mae et Freddie Mac dans leur forme actuelle pendant qu’elles assurent leur importante mission. Nous apprécions les efforts importants du Congrès pour terminer la réforme législative qui va aider à générer la confiance dans ces compagnies« , a indiqué le secrétaire d’Etat américain au Trésor Henry Paulson, n’évoquant pas une mise sous tutelle des deux établissements. Une loi votée en 1992 permet d’effectuer cette action si les autorités estiment qu’une des deux entités possède un niveau insuffisant de fonds propres.
Les deux entités possèdent ou garantissent pour environ 5.000 milliards de dollars de dettes, soit près de la moitié des prêts hypothécaires américains. La brutale chute de leur cours de Bourse jeudi dernier limite le capital dont elles sont besoin afin d’acheter des hypothèques après des organismes prêteurs. Vendredi, l’action Fannie Mae chutait de 38,71% et le titre Freddie Mac de 36,75%. Selon le New York Times, l’administration Bush envisagerait de garantir les dettes gérées par Fannie Mae et Freddie Mac.
Signe des difficultés en cours outre-Atlantique, la banque californienne Indymac a été placée sous tutelle des autorités fédérales. Un sénateur s’était inquiété il y a quelques semaines de la solvabilité de l’établissement. « L’institution a fermé aujourd’hui en raison d’une crise de liquidités. La cause immédiate de cette fermeture est un mouvement de retraits massifs dus à la panique qui a suivi une lettre ouverte du sénateur Schumer en date du 26 juin« , a déclaré le directeur de l’autorité de régulation des caisses d’épargne, John Reich. L’un des plus importants prêteurs hypothécaires américains rouvrira lundi sous le joug de l’organisme fédéral garantissant les dépôts bancaires. Aux Etats-Unis, la crise financière correspond à plus de 300 milliards de dollars de pertes et dépréciations pour le secteur bancaire.
Le patron de Fortis remercié
Les déboires liés à l’implication des banques dans de complexes produits financiers dont certains à risque touchent aussi l’Europe. « Dans l’intérêt du groupe, le Conseil d’administration de Fortis et Monsieur Jean-Paul Votron ont décidé de commun accord de mettre un terme au mandat de CEO (chief executif officer) de Monsieur Jean-Paul Votron. Le Conseil est convaincu que […] Herman Verwilst est le choix idéal pour diriger le groupe dans cette période et cet environnement difficiles« , a ainsi expliqué la banque belgo-néerlandaise Fortis. Le directeur exécutif laissera temporairement sa place à son actuel adjoint. Plusieurs actionnaires reprochent notamment à M. Voltron de n’avoir pas été avertis de l’augmentation de capital survenue le 26 juin dernier. L’action Fortis est passée de 30 euros à 10 euros en l’espace d’un an.
En France, des tensions liées à la gouvernance du groupe se sont fait apparaître au Crédit Agricole, selon Le Monde. Les caisses régionales, principal actionnaire de Crédit Agricole S.A., reprocheraient au directeur général Georges Pauget d’avoir été trop loin sur les activités de marché, engluant la banque dans des déboires liés aux subprimes. « Son départ pourrait entraîner celui du président de la banque René Carron« , ajoute le quotidien.