L’affaire de la viande de cheval soulève de nouveau la question de la traçabilité, à laquelle certains circuits peuvent répondre.
Le scandale de la viande de cheval, qui a mis au grand jour une filière d’approvisionnement aux multiples intermédiaires, soulève de nouveau le problème de la traçabilité dans l’agroalimentaire. Les ventes de plats surgelés à base de viande s’effondrent (-45 % dans la semaine du 11 au 17 février, selon Nielsen), les moussakas, les hachis parmentier et les désormais fameuses lasagnes constituant les produits les plus concernés.
Cette affaire pourrait bénéficier aux « circuits courts » d’approvisionnement, qui permettent de réduire le nombre d’intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs (principalement pour les fruits et légumes). Les bouchers « traditionnels » pourraient eux aussi tirer leur épingle du jeu. Les agriculteurs peuvent pour leur part mettre en avant leur production avant transformation, et bénéficier de commandes directes de la part de consommateurs.
« Les réseaux alternatifs viseraient à pallier les défaillances des systèmes marchands dominés par des complexes agro-industriels déterritorialisés », expliquaient en 2010 Valérie Olivier et Dominique Coquart*. « La confiance inspirée par le producteur suffirait à apporter l’assurance d’un produit de qualité », complétaient les chercheurs toulousains dans un article consacré aux associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), créees dans les années 1990 aux Etats-Unis et dont les origines remontent aux années 1960, au Japon.
Des agriculteurs qui se repositionnent dans le système
Dans ce modèle, des consommateurs s’engagent, collectivement, à s’approvisionner de manière régulière auprès d’un exploitant agricole qui bénéficie pour sa part d’une visibilité en matière de trésorerie. Les prix, fixes, ne sont pas soumis à des opérateurs ou des facteurs externes. Les clients bénéficient pour leur part d’un panier – souvent hebdomadaire – de produits ayant effectué le moins de transport possible… les agriculteurs s’engageant dans ce système étant pour la majorité d’entre eux passés à un mode d’exploitation biologique.
« Cette réappropriation de la question alimentaire ouvre des espaces pour les initiatives et les innovations sociales, dans lesquels les maraîchers se positionnent en tant qu’acteurs », indiquaient Annie Dufour et Emilie Manciano dans un article** consacré, en 2012, aux circuits courts. Maillons essentiels du système alimentaire, les producteurs peuvent par ce moyen (l’ouverture récente, en Gironde, d’un drive fermier en est un exemple fort) réaffirmer leur rôle, voire adopter une attitude militante.
Encore restreints, ces circuits ont, aujourd’hui, une carte à jouer. La difficulté de mise en place de telles organisations et leur aspect purement local – ce qui fait également leur force – constituent toutefois des freins à leur expansion.
*Valérie Olivier et Dominique Coquart, « Les AMAP : une alternative socio-économique pour des petits producteurs locaux ? », Économie rurale, N°318-319, juillet-octobre 2010
** Annie Dufour et Émilie Lanciano, « Les circuits courts de commercialisation : un retour de l’acteur paysan ? », Revue française de Socio-Économie, 2012/1 n° 9, p. 153-169