Le blocage de la monétisation des clips par YouTube inquiète les acteurs de la filière, dont l’avis diverge sur l’attitude à adopter.
Les négociations entre la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), qui collecte les droits d’auteurs, et YouTube (propriété de Google) provoquent la colère des professionnels de la musique, qui constatent avec effroi le retrait des publicités précédant les clips diffusées sur la plateforme de vidéos en ligne. Or, celles-ci constituent l’unique moyen, sur le site, d’engranger des revenus, partagés avec YouTube.
Depuis le 19 janvier, la monétisation des vidéos musicales n’a plus court sur la filiale française de la plateforme suite à l’expiration du contrat conclu avec la Sacem, et autour duquel les discussions en vue d’une éventuelle reconduction se poursuivent, selon la société d’auteurs. YouTube conserve environ 50 % des revenus, et en reverse jusqu’à 70 % aux producteurs. « Un artiste qui fait 100 millions de vues sur YouTube peut générer jusqu’à 200 000 ou 300 000 euros de revenus publicitaires », explique à Télérama Denis Ladegaillerie, président fondateur du distributeur Believe.
Rester ou non YouTube, telle est la question
« Cette interruption, si elle se prolongeait, ne pourrait qu’être préjudiciable aux négociations en cours », indique-t-elle dans un communiqué, tandis que le médiatique président d’Universal Music France, Pascal Nègre, menace de retirer ses contenus de la plateforme… Une telle décision serait, pour le président de Sony Music France et du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) Stéphane Tavernier, « un retour vers le passé » selon Les Echos. En Allemagne, ce scénario court depuis deux ans, avec notamment pour conséquence l’impossibilité de visionner la version originale du tube Gangnam Style.
Nombre de professionnels estiment que l’essor des plateformes de streaming a limité le téléchargement illégal, et ce même si les offres payantes de Deezer (auxquelles les abonnés d’Orange, actionnaire du site, ont accès) et de Spotify peinent à décoller face à une offre gratuite pléthorique. Le marché physique a représenté, en 2012, 363,7 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 125 millions pour le marché numérique selon le SNEP (musique enregistrée). Les revenus tirés des abonnements sur Internet ont progressé de 50,1 % entre 2011 et 2012.
La structure des revenus tirés du numérique étant encore amenée à évoluer, tous les acteurs cherchent le bon moyen d’enrayer au plus vite la crise qui affecte le marché de la musique.
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