Un ralentissement de la croissance mondiale n’est pas à exclure selon le Fonds Monétaire International (FMI), qui tablait en octobre sur 4,8% pour l’année 2008 après 5,2% en 2007 et 5,4% en 2006. L’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, indiquait pour sa part prévoir une croissance de 2,3% pour ses membres dans ses « perspectives semestrielles » rendues publiques début décembre, contre 2,7% annoncés en juillet. Le ralentissement le plus spectaculaire est annoncé aux Etats-Unis, où le rythme de croissance, en rythme annuel, passerait de 5% au troisième trimestre 2007 à 1,8% pour le premier trimestre de l’année 2008.
La Banque Mondiale estime ce mercredi que le croissance mondiale s’élevera à 3,3% cette année. Elle indique que que le PIB mondial a progressé de 3,6% en 2007 et annonce un rebond de la croissance en 2009, à +3,6%. « Une décélération beaucoup plus marquée de l’activité aux États-Unis constitue un risque réel qui pourrait assombrir les perspectives à moyen terme des pays en développement« , explique à l’AFP Uri Dadush, directeur du groupe d’étude sur les perspectives de développement. La BCE a quant à elle abaissé ses prévisions de croissance de 2,3% à 2% pour la zone euro.
L’ONU exorte la BCE à réduire dès maintenant ses taux d’intérêt
« C’est à la BCE de faire quelque chose et elle doit agir maintenant, sans attendre que tout le monde se rende compte que l’Europe ralentit« , a indiqué Heiner Flassbeck, directeur de la division pour la mondialisation et les stratégies de développement à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. « L’économie américaine ayant de gros ennuis, les plus gros depuis 20 ans, il revient à l’Europe de stimuler l’économie plus qu’elle ne le fait actuellement« , a-t-il expliqué, redoutant « qu’une fois de plus la BCE agisse trop tard et pas suffisamment« . L’institution présidée par Jean-Claude Trichet devrait en effet jouer le statu quo en laissant son taux d’intérêt directeur à 4% à l’issue de sa réunion de demain. Selon la Banque Mondiale, la croissance dans la zone euro devrait s’élever à 2,1% en 2008, puis à 2,4% en 2009. Les pays doivent aussi faire face à des problèmes de compétitivité liés à l’euro fort; ainsi, en novembre, le déficit commercal français s’est creusé à 4,792 milliards d’euros.
Les subprimes comme objet d’inquiétude de l’année
« L’année 2008 concentrera l’essentiel du choc, avec le blocage du crédit bancaire, la remontée du coût du risque, l’accélération de la baisse des prix de l’immobilier aux Etats-Unis, la menace de faillites en chaîne d’entreprises ou de ménages. Avec à la clé un net recul de la croissance mondiale de 5,2 % autour de 3,5 %, une récession potentielle aux Etats-Unis, une croissance molle de l’ordre de 1,5 % en Europe et au Japon » Nicolas Baverez, Le Monde, 8 janvier
Les répercussions de la crise financière sont amenés à se faire sentir au cours de l’année, si l’on en croît les différents économistes et institutions amenés ces jours-ci àprendre la parole. Les subprimes, ces prêts hypothécaires à risque dont la dilution dans l’économie mondiale par le biais de la titrisation (transformation des prêts en obligations) ont provoqué une crise de confiance dans la chaîne des refinancements interbancaires. La crise s’est propagée à la sphère financière mondiale, car les établissements prêteurs avaient transformé leurs créances en obligations vendues à des investisseurs du monde entier. Les conditions d’attribution des crédits devraient se renforcer, les subprimes ayant concerné la frange de la population américaine la plus endettée.
L’économie américaine est la première concernée par cette crise. George W.Bush étudie un plan destiné à soutenir la croissance. Une diminution du niveau de retenue à la source et un allègement temporaire des impôts pour les classes moyenne sont envisagés. Ces annonces feraient suite aux précédentes mesures annoncées fin 2007 en faveur des populations touchées par la crise des subprimes. Goldman Sachs estime par ailleurs que « les chiffres récents suggèrent que l’économie américaine est en train de tomber dans la récession« . Selon la banque, la Fed devra « mettre de côté ses inquiétudes résiduelles sur l’inflation« . Son principal taux directeur est actuellement fixé à 4,25%.
La Chine en ligne de mire
11,5% de croissance en 2007, d’importantes réserves en devises: l’économie chinoise semble afficher des chiffres insolents en plein ralentissement à l’échelle de la planète.
Plusieurs données mettent cependant en péril une éventuelle accélration de cette croissance pour 2008. D’une part, la demande en provenance des Etats-Unis, qui représente 25% des exportations. « En soi, ce n’est pas un ralentissement local aux Etats-Unis pesant sur la demande de biens chinois qui inquiète, que les effets cumulatifs d’un ralentissement global« , tempère au Monde un membre de la Mission économique à Pékin. L’inflation guette, ainsi que des incertitudes de la compétitivité de la Bourse dans un contexte de mondialisation, le nombre d’actions échangeables (le « flottant« ) étant extrêmement réduit. De plus, le système bancaire figure au premier rang des freins à l’expansion économique chinoise. Par ailleurs, l’université se vante certes de former 600.000 ingénieurs par an, mais cela n’empêche pas la Chine de faire les frais d’un manque chronique « de dirigeants de talent et de chercheurs hautement qualifiés« , selon l’OCDE.