De multiples conflits attisent les cours du pétrole. L’Opep doit, dans ce contexte, redéfinir son rôle.
Le printemps arabe aura-t-il finalement une influence sur les cours du pétrole ? Dans l’immédiat, la situation du Proche et du Moyen-Orient, dans une considération géographique relativement large, est au centre de l’attention des investisseurs.
Sur le plan industriel, si les sociétés parapétrolières devraient tirer parti de cet accroissement des cours, d’autres entreprises, pour lesquelles la consommation directe ou indirecte de pétrole représente une importante part de leurs dépenses – qu’elles relèvent de la consommation intermédiaire ou non – pourraient être pénalisées à court ou moyen terme, selon l’évolution de la situation.
Les effets de la crise économique et financière de 2008/2010 sont encore forts, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Alors que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) fête cette année son cinquantième anniversaire (elle détiendrait aujourd’hui près de 70% des réserves mondiales), les pays industrialisés sont confrontés à un nouveau risque d’emballement des prix de l’or noir, sur fond de demande croissante en provenance des pays émergents et d’incertitude sur les quantités encore réellement disponibles.
Du rôle central de l’Opep
Face à la baisse du dollar, entrainant une réduction des recettes issues du pétrole, cinq pays exportateurs décidaient, le 14 septembre 1960, de créer l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à savoir l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweit et le Venezuela. Par la suite rejointe par d’autres Etats, cette organisation intergouvernementale a contribué à faire évoluer la règle de partage des revenus pétroliers établie en 1948 avec les « majors » (Mobil, Texaco, Royal Dutsch, Exxon et BP) du partage à parts égales (50/50) à une rente axée sur un principe 55/45 vingt ans plus tard.
Au moyen de quotas de production, l’OPEP cherche à réguler le marché (production et prix), le volume des quantités exportées étant une des clefs majeures dans le niveau des cours et influant sur l’économie mondiale. Actuellement présidé par l’Iran, le cartel est tiraillé entre la volonté d’intervenir sur le niveau de l’offre face aux mouvements sur les cours précipités par les événements dans le monde arabe, et l’attitude de ses membres face à cette situation qui affecte certains de ses membres (douze au total). Les Etats membres de l’OPEP contrôlaient, en 2005, 78,4% des réserves estimées de pétrole brut et contribuaient à l’approvisionnement en pétrole brut à hauteur de 43%, selon les chiffres fournis par l’organisation.
Par le passé, le pétrole a joué un rôle primordial dans l’affirmation politique de la région, marquée par une diversité de politiques. Le Conseil de coopération du Golfe et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole agissent, à leur manière, comme des outils permettant d’uniformiser certains points de vue ou certaines pratiques, en tentant d’influer sur les cours du pétrole ou en instaurant un marché commun dans une poignée de pays à l’influence forte. De multiples conflits trouvent leur source, ou une des raisons les ayant initié, dans le contrôle des gisements.
Des défis à relever
La prédominance de la région dans le commerce de pétrole « conventionnel » reste, en dépit de la recherche par les pays occidentaux de nouvelles sources d’énergie, un moyen de pouvoir sans équivalent. Cette force représentée par « l’or noir » se traduit notamment par une influence sur les économies européennes, américaines et asiatiques particulièrement importante, et ce à tous les échelons. La recherche par l’OPEP d’un « prix d’équilibre » à même de satisfaire toutes les parties constitue le moyen le plus sûr, pour le cartel, de sécuriser ses revenus et les relations de ses membres avec les autres Etats.
La position stratégique occupée par le Moyen-Orient dans l’approvisionnement en pétrole reste donc, en dépit d’une légère réduction de cette place, particulièrement importante. Le défi principal est, aujourd’hui, de faire face à la raréfaction annoncée des ressources, et de rassurer les investisseurs quant à l’impact des conflits en cours dans la région.