Pauvreté, chômage, plan d’austérité, croissance, déficit : l’exécutif accumule les mauvaises nouvelles en matière de politique économique. Les revendications s’accumulent.
Mauvaise passe pour le gouvernement. Les jours se suivent et se ressemblent pour l’exécutif, vivement attaqué par l’opposition pour les mauvais résultats de sa politique économique.
Dernière alerte en date : une étude de l’Insee publiée ce mardi, mettant en exergue l’accroissement du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (fixé à 954 euros par mois) : celui-ci est passé de 7,8 à 8,2 millions – soit un Français sur sept – entre 2008 et 2009. La ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, rappelle que « cette augmentation préoccupante est surtout liée à la hausse du chômage induite par la crise », et souligne les efforts gouvernementaux incarnés par de nombreux dispositifs, parmi lesquels le Revenu de solidarité active.
En 2009, 10,1% des actifs âgés d’au moins 18 ans étaient considérés comme pauvres. Sous un autre prisme, 6,3% des salariés le sont. Depuis trois ans, les demandes adressées aux organisations d’assistance – associations, fondations… – ne cessent de grimper, tandis que le profil des demandeurs évolue, selon Christophe Robert, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, interrogé par Libération : « on a d’abord vu arriver des salariés en fin de contrat, de nouveaux chômeurs… De plus en plus de femmes seules avec enfants viennent aussi demander de l’aide. Des jeunes, en pagaille », explique-t-il.
Situation tendue sur le front de l’emploi…
Ces chiffres interviennent quelques jours seulement après ceux du chômage, les plus mauvais publiés depuis le mois de février 2000. En rythme annuel, la progression du chômage pour les trois catégories – A, B et C – atteint 4,3%. 9,7% de la population active est désormais concernée, un niveau qui pourrait être amené, selon El Mouhoub Mouloud, professeur d’économie à Dauphine : le récent plan de lutte contre les déficits « risque d’amputer la croissance de 0,5%. Conséquence : le chômage devrait augmenter de plus d’un point entre fin 2011 et le premier semestre 2012 et dépassera alors la barre des 10% », indique-t-il dans un entretien accordé à Capital.
Pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, « les gouvernements sont venus en aide aux banques et à l’activité, la dette privée a ainsi été transférée au public, et aujourd’hui une nouvelle crise éclate » (Le Figaro). La priorité doit donc être de s’affranchir de l’influence des marchés financiers, une formule qui a le vent en poupe actuellement mais difficilement applicable. Le gouvernement doit, pour l’heure, intégrer l’impact du plan d’aide à la Grèce et des mauvais chiffres de la croissance. Le PIB devrait s’apprécier de 1,75% en 2011 et 2012 selon le Premier ministre, contre 2% et 2,25% escomptés.
… et du budget
Dans l’immédiat, des signaux plus concrets se manifestent pour les Français, parmi lesquels le plan d’austérité annoncé mais également un accroissement du prix du fioul domestique et des fournitures scolaires, malgré les nombreuses offres consenties par les distributeurs, dont la très médiatique « prime » proposée par Carrefour. Les prix relevés par la Confédération syndicale des familles sont ainsi les plus élevés depuis trois ans.
Si l’été s’est passé de manière particulièrement calme sur le front social, l’automne risque donc d’être plus délicat à gérer pour le gouvernement. Un mouvement de grève est déjà prévu pour la fin septembre dans l’éducation, tandis que des salariés de quelques entreprises expriment plus fortement leurs revendications. Dernière société concernée, Eurotunnel, en proie à des débrayages liés au souhait d’une revalorisation salariale.
Soucieux de prévenir une éventuelle contagion de ces inquiétudes aux étudiants, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Laurent Wauquiez, a préféré jouer la carte de la prévention en étendant les bourses à 10 mois et en annonçant travailler sur l’épineux dossier du logement. Les marges de manœuvre restent néanmoins restreintes : le déficit de l’Etat s’établira à 95,4 milliards d’euros fin 2011, en augmentation de 3,4 milliards. Dans ce contexte, quels arbitrages seront-ils effectués ? Affaire à suivre…