Parti des Sables-d’Olonne (Vendée) il y a une dizaine de jours, le mouvement entamé par des pêcheurs face à la flambée des prix du carburant est la face visible de problèmes plus profonds. Les pouvoirs publics doivent conjuguer entre des conditions financières difficiles pour les pêcheurs et les règlementations émanant de Bruxelles.
« J’ai demandé au gouvernement d’examiner la situation individuelle des entreprises de pêche en difficulté, et d’adapter dans les prochains jours les mesures. Vous connaissez mon attachement profond à votre secteur, qui participe de l’identité de notre pays avec ses trois façades maritimes. Vous pouvez compter sur ma détermination pour défendre les intérêts de ce secteur essentiel à l’économie de notre littoral« , a indiqué Nicolas Sarkozy dans une lettre envoyée aujourd’hui à Pierre Georges Dachicourt, président du Comité des pêches maritimes.
« Une première aide d’urgence a été versée à plus de 1.320 navires pour un total de 8,6 millions d’euros. Un plan de restructuration de la flotte a été engagé pour près de 42 millions d’euros. Enfin des indemnisations pour arrêt temporaire des navires qui pêchent l’anchois ont été versées pour 2,5 millions d’euros« , rappelle le chef de l’Etat, qui tente de temporiser la situation avant une rencontre entre des marins pêcheurs et le ministre de la Pêche Michel Barnier prévue demain. Conséquence de la flambée des cours du pétrole, le gazole detaxé peine à conserver un caractère avantageux. Son prix a doublé en un an et progressé de 20 centimes par litre en l’espace de six mois.
Les matelots, qui pour la plupart participent aux frais engendrés par la pêche, vont jusqu’à se retrouver avec des « payes négatives« . Compte tenu des quantités pêchées, règlementées à l’échelle de l’Europe, de l’augmentation des charges (le gazole va jusqu’à représenter la moitié du chiffre d’affaires) et d’un prix du poisson qui baisse en regard de la concurrence étrangère, la profession est une nouvelle fois dans la tourmente. Les consommateurs peinent à percevoir les signes de cette baisse en raison du nombre d’intermédiaires (entre la criée et l’étal des grandes surfaces, qui écoulent 70% du poisson français, le prix peut doubler).
Selon des données publiées par Le Monde, on compte aujourd’hui moins de 5.200 navires en métropole, contre plus de 10.000 en 1989. La reprise des exploitations s’avère difficile, avec des conditions de travail délicates et d’importants efforts de gestion. Le prix du carburant fait partie des problèmes récurrents rencontrés par la profession. L’instauration, en 2004, d’un « fonds gazole » constituait un début de réponse, mais la mesure a été retirée l’an dernier en raison d’incompatibilité avec la législation européenne sur les aides versées par les Etats. L’idée d’un chèque-carburant est de ce fait aussi à exclure. Mais au-delà d’annonces immédiates pour résoudre cette crise, c’est un plan d’action sur la durée et sur l’ensemble de la filière qui doit être réfléchi.