Les Douanes et les industriels mettent en garde les touristes face aux risques encourus par l’achat de produits contrefaits. Désormais en ligne de mire: les pièces automobiles.
Des iPad en libre-service, du mobilier en bois, des vendeurs en tee-shirt bleu, une typographie identifiable… Les photos d’un Apple Store (presque) comme les autres font le tour du monde. Ce magasin, ausculté sous tous les angles, présente une particularité : il ne figure pas sur la liste officielle des boutiques gérées par la firme californienne. Situé à Kunming, dans la province du Yunnan, cet « Apple Stoer » reproduit en tous points, à l’exception de quelques détails, les codes du réseau de vente des produits à la pomme. Il a, à l’instar d’un autre magasin, été fermé par les autorités.
Ce cas, particulièrement surprenant, illustre la capacité des contrefacteurs à s’adapter très rapidement à un environnement technologique et commercial en pleine mutation. Les jeux vidéo – consoles et cartouches – sont ainsi particulièrement prisés pour leur capacité d’écoulement, tout comme le textile, qui figure en tête de liste des produits les plus affectés par la contrefaçon. L’attrait exercé par ces produits facilite la diffusion de copies et autres reproductions plus ou moins fidèles.
Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, 33% des saisies effectuées par les Douanes en 2009 avaient pour trait l’industrie textile, plaçant ce secteur devant les jeux et jouets, la maroquinerie et les parfums, dont la composition peut provoquer de graves effets indésirables. L’Observatoire relève par ailleurs, sur le plan immatériel, que 39% des logiciels ne sont pas, en France, pourvus d’une licence, et évoque un taux de piratage supérieur à celui de l’Union européenne.
Les contrefaçons de pièces automobiles figurent dans le viseur des autorités. Celles-ci ont vu leur nombre « multiplié par 66 entre 2008 et 2009 ». Les filières d’écoulement de celles-ci, qui s’effectue notamment au sein de rassemblements ou sur Internet, sont au centre de l’attention des autorités : en France, les saisies se sont accrues de 119% depuis 2008. « Vous allez y trouver aussi bien des contrefaçons de carrosserie, mais aussi de rétroviseurs, et puis surtout des choses beaucoup plus sensibles, comme les pare-brise, dont on sait que la contrefaçon ne présente pas toutes les garanties en termes de sécurité », met en garde Gérard Schoen, sous-directeur à la Direction générale des douanes et droits indirects.
Sensibiliser les touristes
La parution de cette étude est intervenue à l’aube des vacances d’été, qui constituent une période d’activité particulièrement forte pour les Douanes. Mi-juillet, 25 m3 de marchandises – essentiellement des lunettes et des paires de chaussures – ont ainsi été saisies au péage de la Turbie, à la frontière franco-italienne. Un lieu privilégié pour les contrôles et la prévention en direction des touristes de passage au célèbre marché de Vintimille, d’où l’idée, pour l’Union des Fabricants (Unifab), de cibler les villes du littoral Sud-Est pour sa nouvelle campagne.
Afin de sensibiliser un public moins réceptif, une nouvelle plate-forme de communication a été conçue pour l’occasion. Plus de 150.000 tracts accompagnés de cartes postales, de bandes-dessinées et de jeux seront distribués jusqu’à la mi-août, permettant de diffuser de manière plus agréable des informations relatives aux conséquences pour les entreprises et aux risques encourus. « Acheter des produits de ce type, c’est entretenir le marché noir et le travail forcé des enfants », martelait-t-on toutefois, pour le lancement de l’opération, sur la plage de Pampelonne, dans le Var.
Les firmes n’hésitent plus, pour leur part, à directement communiquer sur le sujet. En témoigne l’initiative du musée privé du couteau de Laguiole qui, depuis sept ans, propose une exposition sur le thème de la contrefaçon dans la vie quotidienne. Si le couteau est tombé dans le domaine public, les professionnels dénoncent « les importations pakistanaises et chinoises qui portent le nom Laguiole sans préciser que l’objet en question a été produit au Pakistan ou en Chine, laissant croire au consommateur qu’il s’agit d’un véritable Laguiole », explique à La Dépêche du Midi son directeur, Christophe Durand.
James Dyson, fondateur de la société éponyme, tire pour sa part, dans une tribune récemment publiée, la sonnette d’alarme : « les entreprises chinoises risquent une misérable amende si elles sont reconnues coupables de contrefaçon… rien de bien dissuasif ». 85% des produits saisis aux frontières de l’Union européenne provenaient, en 2010, de Chine.