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Introductions en Bourse: les raisons d’une hémorragie

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Les reports d’introductions en Bourse se succèdent depuis plusieurs semaines. En cause : des difficultés conjoncturelles.

Des « conditions de marché très défavorables ». Saint-Gobain s’est inscrit dans la lignée de récentes annonces pour expliquer le report de la cotation de Verallia, sa filiale dédiée à l’emballage en verre. Quatre ans après une première tentative – avortée – l’industriel ne parvient pas à se séparer de ce pôle, qui représentait en 2009 plus de 660 millions d’euros de chiffre d’affaires.

« Il ne nous a manqué qu’un signal positif sur la Grèce au cours du dernier week-end. C’est une mauvaise surprise car du côté des actionnaires particuliers, nous avions fait le plein », explique aux Echos le directeur général de Verallia, Jérôme Fessard. Si Saint-Gobain ne renonce pas à coter sa filiale, il préfère en revanche maximiser les chances de succès de l’opération. Sur les six derniers mois, la Bourse de Paris pointe au 46ème rang des plus grosses levées de fonds suite à des IPO, selon Dealogic. New York, qui a notamment accueilli LinkedIn, s’arroge pour sa part la première position.

Les incertitudes économiques ressurgissent sur le comportement des investisseurs, qui opèrent avec prudence. La situation tendue en zone euro constitue un facteur particulièrement défavorable, avec notamment l’adoption pour le moins difficiles de nouvelles mesures d’austérité et liées à la gouvernance en Grèce. Au-delà de la conjoncture, la relative désaffection dont souffrent les places européennes explique le peu d’introductions en Bourse et le manque d’enthousiasme constatés ces derniers mois.

L’exemple de Canal+ France en est lui aussi symptomatique. Après avoir lancé une grande opération de communication et bouclé les aspects juridiques et techniques du dossier, Lagardère, qui souhaitait céder sa participation de 20% dans le groupe audiovisuel, a brutalement suspendu le processus mi-mars. Les événements japonais sont intervenus entre temps, influençant l’environnement économique. Un prix potentiellement trop faible a découragé l’entreprise, qui a toutefois assuré vouloir mener l’opération à son terme.

Vers une gestion plus mesurée

Les investisseurs tentent de se rassurer et limitent les prises de risque. « Dans le contexte actuel d’incertitude, ils préfèrent se tourner vers des sociétés qu’ils connaissent déjà. Surtout, ils sont extrêmement attentifs aux prix proposés », indique aux Echos Thierry Olive, responsable Marché primaire Europe de BNP Paribas. Plus question de miser une partie de son portefeuille sur des titres jugés trop chers ou au comportement incertain, place à une gestion plus prudente.

Même les firmes au parcours remarquable et dotées de solides perspectives de croissance se heurtent à ce manque d’aversion au risque. Inside Secure, numéro un mondial des puces de microprocesseurs sécurisés, fort de 200 brevets dans la communication sans fil et affichant une croissance de 35% par an entre 2005 et 2010, vient également de reporter son introduction en Bourse. L’innovation ne paie pas à tous les coups.

Fin septembre, Accor, qui devait proposer sa participation de 49% dans le groupe Lucien Barrière, a aussi interrompu in extremis – dans un contexte différent, certes – l’opération, le manque d’intérêt des investisseurs étant incriminé. Carrefour a pour sa part ajourné, début mai, son projet de cotation de sa foncière Carrefour Property, pour mieux se concentrer sur ses chantiers liés aux hypermarchés – Carrefour Planet – et au hard-discount (Dia).

Ces conditions affectent principalement des sociétés de taille relativement importantes, mais pourraient également se répercuter sur le financement des PME. L’Autorité des marchés financiers s’est récemment saisie de la question, en pointant du doigt le rôle des banquiers dans cette situation. « Une possible diminution de la base d’investisseurs capables de s’exposer durablement à un risque actions et par le repli des banques et des assureurs du capital-investissement » pourrait toucher les flux de fonds propres à destination de ces entreprises, selon le gendarme boursier.

Pour le gestionnaire d’investissements BlackRock, le comportement des banques, qu’il accuse de pratiquer des valorisations excessives, explique principalement ce contexte morose pour les appels au marché. A chaque acteur ses explications.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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