Les habitants de l’Archipel découvrent depuis quelques jours les contraintes imposées par le principe de rationnement… en beurre. L’or jaune, comme on peut l’appeler, fait en effet défaut au Japon, où les industriels laitiers ont d’abord réduit leurs approvisionnements aux commerçants utilisant le beurre dans leurs produits avant d’atteindre les ménages, qui peuvent soit acheter un nombre limité de plaquettes ou aller voir ailleurs, la plupart des grandes surfaces n’étant plus approvisionnées.
L’écroulement de la production de lait est au coeur des tensions: durant l’année fiscale (du 1er avril au 31 mars), elle est en effet passée de 8,1 à 7,3 milliions de tonnes. La baisse de la consommation de lait depuis le début des années 1990 est à relier avec les difficultés des éleveurs nippons, qui doivent également faire face à l’augmentation des prix des céréales ainsi qu’à leur raréfaction. Les exportations de céréales sont réduites ou bloquées afin de faire face à la hausse des cours. La Chine, le Vietnam et la Thaïlande ont par exemple décidé de limiter leurs exportations. Mercredi, les ministres de l’Agriculture japonais et suisse s’en sont remis à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) dans l’espoir qu’elle règlemente les capacités des Etats à limiter leurs exportations agricoles. De plus, l’Australie, principal fournisseur de lait de l’archipel, a connu une importante baisse de sa production en raison d’une sécheresse sans précédent.
Cette crise met en exergue les difficultés d’approvisionnement alimentaire et agricoles du Japon. Les fermiers y reçoivent 53% de leurs revenus de la part du gouvernement, selon l’OCDE. Par ailleurs, 98% des exploitations agricoles ne dépassent pas deux hectares, et le taux d’autosuffisance alimentaire (qui exprime l’importance de la production par rapport à la consommation intérieure) n’est que de 40%, soit le plus faible de tous les pays industrialisés.