En ce printemps, malgré les difficultés économiques du secteur, nombreux sont les brasseurs à lancer de nouveaux produits ou à se démener pour capter de nouveaux clients. Focus sur les dernières créations de plusieurs brasseries craft.
Série — Ils font bouger la bière (4/4)
Loro
En activité depuis douze ans à Saint-Apollinaire (Côte-d’Or), la brasserie Loro présentait, début avril dans le cadre du salon spécialisé Planète Bière, La soft (2,5%), une bière de soif, à la belle buvabilité, destinée à “rester légère, avec de la structure”, selon Nicolas Sache, le fondateur de Loro. La brasserie propose dix bières permanentes, dont la Krime (4,5%), une bière à la purée de cassis – un fruit incontournable de la région – avec beaucoup de corps, une légère sucrosité et l’acidité du cassis. A découvrir aussi, la Grande Réserve, un barley wine (9%) élevé dix mois en fûts de chêne, un peu cuir, avec beaucoup de profondeur, et la Triple (8%), issue d’un assemblage de six fûts, très franche et vineuse, et marquée par les épices.
Brasserie d’Orville
A Louvres (Val d’Oise), la Brasserie d’Orville, située dans une ferme et proposant un restaurant et une taproom, a récemment lancé la Lost in Hops #2 (6,5%), une New England IPA en dry hopping (Idaho 7, Cryo, Idaho Gem). Une bière très houblonnée, portée sur les agrumes, aux francs arômes d’ananas, et une douceur certaine malgré tout. La Back in Black (4,9%) consiste pour sa part en une black lager, taillée pour être servie en pintes (avec modération), tandis que la Fat Dog (8%) est une triple, un style régulièrement demandé par les clients. Des esters de banane caractérisent cette bière surprenante, à la robe ambrée, qui vient d’intégrer la gamme permanente face à son succès.
Belladone
Depuis deux ans, la brasserie Belladone se conçoit “comme un lieu de vie”, avec son bar, dans le village de Villenoy, près de Meaux (Seine-et-Marne). Lors du salon Planète Bière, elle a mis en avant ses bières, qui portent chacune le nom d’un lieu abandonné. Skurunda (4,9%) est une pale ale longue en bouche, avec du corps. La Bucastle (5,2%) consiste en une scottish ambrée, avec de francs arômes de caramel, d’épices, et de la fraîcheur en fin de bouche. L’IPA, Mirapolis (5,5%), du nom d’un parc d’attractions fermé dans le Val d’Oise en 1991, présente une fine amertume et des arômes citronnés. Elle demeure résolument accessible : “on est un bar”, rappelle Adrien Rispal, cofondateur.
Brasserie de Lozère
A Mende (Lozère), la Brasserie de Lozère, qui opère sous la marque La 48, fêtera ses dix ans en octobre 2024. 95% de ses ventes s’effectuent dans le département. Lors d’incursions hors de ses terres, elle met en avant quelques bières spécifiques, dont une ambrée à la liqueur de cèpes (5%). “On est sur de la minéralité”, rassure Laurent Augier, le fondateur de la brasserie. La liqueur est ajoutée avant l’embouteillage. Une bière ronde, facile à boire, avec des notes terreuses et de sous-bois, suggérée avec une planche de fromages à pâte persillée. A l’automne, il est possible de déguster une blonde à la crème de marrons (5%), longue en bouche, dotée d’une sucrosité certaine. Autre surprise, la Brune rhum (8%), élaborée sur la base d’une bière ambrée, en faisant infuser des copeaux de chêne dans du rhum, avant de placer ces copeaux dans la cuve de garde durant douze à quinze jours. Le nez est très expressif; la bouche sur le caramel.
Nemeto
L’équipe de Nemeto a débuté son activité en 2019 et brasse ses bières depuis 2021 dans un bâtiment de 1900, situé à Nanterre (Hauts-de-Seine). “On est en bio et on essaie de passer l’orage”, confie Olivier d’Ancona, cofondateur. La Chai (6,6%), une bière d’hiver, se distingue par son élégance et sa profondeur. La Folie (5,5%), une IPA au poivre de Timut, est fraîche et portée sur les épices : “l’accessibilité constitue le crédo de la brasserie; les styles pour les geeks sont une niche.” A souligner aussi, le parti-pris sur la pale ale rosée Hibiscus concombre (3,8%): le concombre prend le dessus, avant une pointe de douceur, florale, en fin de bouche.
Au coeur du malt
Implantée depuis huit ans à Verneuil-en-Halatte, la brasserie Au coeur du malt, connue par l’intermédiaire de sa marque Les bières Gustave, met en avant sa centaine de pieds de houblons et l’attention portée à l’approvisionnement en malts et houblons français, plutôt qu’une certification bio. La bière de printemps (5%), une bière de soif, rencontre un franc succès chaque année, tandis que l’Ambrée clémentine (5%), très réussie, avec du grain, est élaborée avec 90kg de purée de clémentines corses pour 1000 litres de bière. On distingue néanmoins les traditionnels arômes d’une bière ambrée.
Nuka Brewing
En gipsy brewing (en brassant sur des installations existantes d’autres entreprises), l’équipe de Nuka Brewing a profité de Planète Bière pour se confronter à l’avis du grand public et de professionnels sur trois références, dont la Mamen, une hazy pale ale (5,1%), trouble, portée sur les agrumes et les fruits exotiques au nez. Parmi les bières éphémères, la Chill Time (5,9%), une NEIPA DDH (houblons Mosaic, Citra) très fruitée ainsi qu’Urban Mirage (DDH IPA, 7,5%), dont la dégustation démarre par un gros kick houblonné, sortent du lot.
Le sans alcool s’envole
A Saint-Julien-Molin-Molette (Loire), l’équipe d’Edmond a trouvé un point de chute dans les locaux de la Brasserie du Pilat pour brasser ses bières sans alcool, lancées il y a cinq ans. La marque se développe dans le réseau CHR et des enseignes de la grande distribution, en région, autour de cinq références (blanche, blonde, ambrée, IPA, dark ambrée). La gamme est passée en bio. Dans les locaux de la brasserie Barge (à Rambouillet, dans les Yvelines), Albin Boiteux a pour sa part créé, en janvier 2024, Pink Sun, une marque “qui vise à dépoussiérer le monde de la bière sans alcool”, incarnée par la Mirage (0,3%), une bière blonde, pour l’heure disponible chez des cavistes.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.