Bien qu’étant noir, il mérite décidément bien son surnom d’or. Le baril de pétrole brut light sweet crude a atteint les 115,07 dollars à New York, un niveau jamais atteint depuis l’origine de la cotation du brut en 1983. Les cours ont progressé de 52 dollars sur un an. Dans le même temps, le baril de Brent, côté à Londres et qui concerne les consommateurs européens et nord-africains est parvenu à la barre des 112 dollars, rattrapant de façon spectaculaire son retard sur les cours du brut.
Des causes immédiates sont à l’origine de la flambée des cours du brut: tandis que le consensus tablait sur une augmentation de 1,8 million de barils, les stocks de brut américains ont fondu de 2,3 millions de barils; un scénario déjà éprouvé au cours des dernières semaines. Les stocks d’esssence étatsuniens, amenés à davantage être sollicités à l’approche de l’été, ont diminué de 5,5 million de barils, contre une baisse de 1,8 million espérée par les analystes. Cependant, le rapport hebdomadaire du département américain de l’Energie (DoE) ne suffit pas à faire la pluie et le beau temps sur les cours du brut. La chute du dollar attire les investisseurs munis d’autres devises qui investissent sur l’or noir en espérant se prémunir de l’inflation, grâce à un placement sûr et un pouvoir d’achat augmenté. L’Opep a quant à elle maintenu sa prévision de croissance de 1,4% de la demande de pétrole en 2008.
Des craintes sur les approvisionnements complètent le premier facteur. En effet, la société pétrolière publique mexicaine Petroleos Mexicanos (PeMex) a dû fermer quatre terminaux alimentant les Etats-Unis, en raison de mauvaises conditions climatiques. « Il n’y aura aucune conséquence sur les livraisons, à l’exception des retards« , a expliqué à l’AFP le porte-parole de PeMex Carlos Ramirez. La réouverture s’effectuera à une date encore inconnue en fonction de la météo. Parallèlement à ces difficultés, Shell a fermé un oléoduc dans le Tenessee en raison de la découverte d’une fissure. Il transportait l’équivalent de 1,1 million de barils par jour. Au Nigéria, des incendies sur des installations d’une filiale du groupe italien Eni font chuter la production d’environ 5.000 barils par jour. Le premier producteur africain d’or noir a vu sa production totale chuter d’environ un quart depuis janvier 2006 suite aux violences qui ravagent le pays. Pour noircir davantage le tableau, l’Agence internationale de l’énergie a estimé que la production pétrolière de la Russie diminuerait cette année, une première depuis une décennie.
Le consommateur, même s’il paie en euros, fait les frais de ces augmentations, défavorisé par le fait que les taxes ne baissent pas: le prix du carburant a progressé de 11% sur un an en France, et les prix à la pompe atteignent eux aussi des records (1,38€ pour le litre de Super sans plomb 95, par exemple). « Depuis 15 ans le prix des carburants a progressé en moyenne beaucoup plus vite (+ 3,7 % par an) que l’inflation (+1,8 %)« , indiquait récemment l’Insee.