Focus sur cinq distilleries récemment créées, confirmant le dynamisme du segment des spiritueux français, en régions.
Le Petit Bouilleur (Jura)
Malgré un contexte difficile, les acteurs des spiritueux français font preuve d’une belle créativité, à l’image de Baptiste Dayet, fondateur depuis septembre 2022 du Petit Bouilleur, à Abergement-le-Petit (Jura). Cet ancien manager de projets logistiques récupère des lots de vins auprès de vignerons dans le cadre de sa production. Sept références de boissons sont disponibles, dont La Petite arquebuse (60%), à base d’arquebuse donc, une plante travaillée dans le même esprit que l’absinthe, avec des notes citronnées mais peu sucrées. Un produit très herbacé, qui contient une douzaine de plantes, avec une belle longueur en bouche. La menthe est très présente. La dégustation peut s’effectuer pure ou en tonic.
Les Feux de Saint-Jean (Ardèche)
Autre rencontre faite à France Quintessence, un salon spécialisé dans les spiritueux français organisé mi-septembre à Paris par Amuse-Bouche, celle de Nicolas Angenieux, à la tête de la distillerie Les Feux de Saint-Jean, à Saint-Jean-Chambre (Ardèche). “L’histoire de la distillerie est courte, elle se veut ambitieuse. L’arrivée de notre nouvel alambic de 25hl facilite une production régulière tout en restant premium et de cibler prochainement l’export. Nous nous laissons quinze ans pour que le meilleur whisky de France soit ardéchois”, annonce cet ancien responsable commercial dans les télécommunications. L’entreprise a été créée en 2022 sur une exploitation agricole (avec des mirabelliers, des framboisiers et des châtaigniers). Une crème de marron au rhum et au whisky fait partie des productions, tout comme, dans l’attente du whisky, un new make bio, single malt (56%), assez herbacé au nez et en bouche, avec des notes beurrées – le liquide est passé en fût de chêne neuf, avec un fond de fût d’acacia. Autre produit à découvrir, une eau-de-vie de framboises (46%).
Maison Fluide (Gard)
A Aigues-Mortes (Gard), Maison Fluide, dont les deux frères fondateurs sont issus du tourisme et de la restauration, a lancé depuis 2021 une large gamme de spiritueux. “Nous avons découvert l’héritage de la distillerie traditionnelle de notre famille, qui remonte à plusieurs générations”, indiquent-ils – ils travaillent sur un projet de distillerie en propre pour 2024. A découvrir, Oruza, une gamme de spiritueux au riz de Camargue, avec un dry gin (42%) dont l’attaque est marquée par la coriandre et la bergamote, et une vodka bio (40%) assez ronde.
Mezenk (Haute-Loire)
En Haute-Loire, à Saint-Jeures, Jacques Vigier, oenologue de formation, a crée la distillerie Mezenk, dans un ancien corps de ferme rénové en 2021 qui abrite deux alambics, dont l’un au mode de chauffe mixte bois et électricité. Le bois de chauffage provient de parcelles de la propriété, progressivement replantées avec une plus grande diversité d’essences (érable, châtaignier, mélèze, chêne, hêtre, pin d’Orégon). Des spiritueux à base de plantes sont produits, dans l’attente d’un whisky. On se laisse tenter par la vodka de blé aromatisée framboise-verveine (40%), qui se distingue par les fruits rouges au nez, et par l’absinthe (40%), tandis qu’une gamme de “spiritueux sans alcool”, MZK, fait office de nouveauté sur ce segment, avec un produit s’approchant d’un gin.
Maison Genestine (Puy-de-Dôme)
Dans le Puy-de-Dôme, à Clermont-Ferrand et à Durtol, pour les chais d’élevage et la production, Maison Genestine reprend pour sa part, depuis 2021, le nom d’une ancienne distillerie du département. Créée en 1845, la marque s’était éteinte dans les années 1950. Grossiste en vins et spiritueux, Sébastien Jolivet s’est attelé à la tâche et propose notamment Le Gaulois, un vermouth (16,21%) à déguster pur ou en Negroni; la Grande gentiane (17,1%), un apéritif doux et finement amer à base de racines de gentiane fraîche; et Royal Menthe (19,69%), une liqueur de menthe bio. A découvrir chez les cavistes et dans le circuit cafés-hôtels-restaurants.
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Photo de couverture par Reinhard Thrainer de Pixabay