En chiffrant à 945 milliards de dollars, soit près de 600 millions d’euros, les dégâts infligés par la crise financière, dont 565 milliards pour l’exposition des banques aux prêts hypothécaires à risque américains dits subprimes, le Fonds Monétaire International (FMI) dresse un premier bilan de la tempête qui a bousculé les marchés financiers depuis l’été dernier. « La crise a dépassé les confins du marché américain du subprime, pour toucher concrètement les principaux marchés immobiliers d’entreprise et d’habitation, le crédit à la consommation et le crédit aux entreprises« , explique le FMI dans son rapport sur la stabilité des marchés financiers, dont une synthèse francophone a été publiée.
« Les États-Unis demeurent l’épicentre du phénomène, le marché américain des subprime ayant été à l’origine du relâchement des normes de crédit et le premier à subir les complications issues des produits de crédit structurés liés à ce secteur. Cela étant, les institutions financières d’autres pays n’ont pas été épargnées, du fait des mêmes conditions financières mondiales pas trop favorables« , indique cette note afin de poser les termes de la crise. Une étude publiée par la banque d’affaires Merill Lynch, elle-même victime de la crise, estime que les chiffres encourageants du marché obligataire sont autant de signes d’une fin de crise. La semaine dernière, les banques européennes ont participé au plus important volume d’émissions obligataires depuis le début de l’année, à 31 milliards de dollars. De plus, la révélation par la banque suisse UBS d’une dépréciation d’actifs de plus de 37 mlilliards de dollars au début du mois et le succès de son augmentation de capital prouvent que les banques se rendent à l’évidence et ne nient plus l’impact de la crise sur leur activité, ce qui est perçu comme un signe de restauration de la confiance.
Inquiétudes sur la croissance
« Les projections que nous allons publier d’ici quelques jours ne sont pas très optimistes. Les risques baissiers que nous avions soulignés dans les dernières projections économiques mondiales se sont matérialisés« , a indiqué le président du FMI Dominique Strauss-Kahn dans un entretien publié lundi par le Financial Times. Les hypothèses du Fonds sur la croissance mondiale ont en effet été resserrées à de multiples reprise, tant dans la zone euro (1,3% au lieu de 1,6% prévus en janvier) qu’aux Etats-Unis (0,5% contre 1,5% initialement prévus). Sur le plan mondial, les prévisions de croissance s’élèvent à 3,7% pour l’année 2008 contre 4,4% annoncés en octobre. Tandis que les dirigeants européens s’étonnent de ce chiffre, les autorités américaines tendent à s’accorder sur cette hypothèse, comme le démontrent les minutes de la réunion de la Fed, la Réserve fédérale américaine, qui s’est déroulée le 18 mars dernier. Elles « ont indiqué une contraction du produit intérieur brut au premier semestre, suivie par une reprise lente au second semestre« , selon la banque centrale.
« Pour contenir les risques de ralentissement de l’économie, les politiques macroéconomiques devront être les premières lignes de défense, mais elles devront élargir leur champ d’action. Il faudra notamment veiller à ce que les grandes institutions financières […] continuent d’agir promptement pour assainir leur bilan et mobiliser des fonds propres et des financements à moyen terme, même s’il est plus coûteux de le faire dès à présent, et ce afin de rétablir la confiance et d’éviter que le mécanisme du crédit ne se grippe davantage. Plusieurs investisseurs, dont des fonds souverains, ont déjà apporté des capitaux, mais d’autres injections sont vraisemblablement nécessaires pour contribuer à recapitaliser les institutions« , explique le FMI. Raison de plus de rester prudent quant à une fin des turbulences monétaires et économiques qui rythment le globe depuis plusieurs mois.