Pour la première fois depuis le déclenchement de la crise économique qui frappe les Etats-Unis, le président de la Fed Ben Bernanke a évoqué l’hypothèse d’une récession. Le mot est laché, comme le signe d’une imminence de l’annonce d’une potentielle diminution du PIB durant deux trimestres consécutifs. « Le produit intérieur brut ne va pas croître beaucoup, si tant est qu’il croisse, au cours du premier semestre de 2008, et il pourrait même se contracter légèrement. Il est clair que l’économie américaine traverse une période très difficile« , a expliqué le patron de la Réserve fédérale américaine. Le FMI a abaissé ses prévisions de croissance à 0,5% pour 2008 et 0,6% pour 2009, évoquant l’existence de la plus grave crise financière depuis les années 1930. « Le choc financier généré par la crise du marché des crédits hypothécaires américains en août dernier s’est étendu rapidement, de façon inattendue, pour infliger des dommages aux marchés financiers et aux institutions situées au coeur du système financier international« , expliquera selon Bloomberg le Fonds monétaire international dans son rapport sur les perspectives mondiales à paraître la semaine prochaine.
« L’activité économique devrait se renforcer au second semestre, notamment du fait des politiques monétaire et budgétaire, et la croissance devrait s’établir autour de son rythme de croisière, ou un peu au dessus, en 2009« , a-t-il indiqué. L’arsenal de mesures conjointement mis en place avec l’Administration Bush doit concourir à limiter la casse. Au menu, l’envoi d’un chèque de 600 à 1.200 dollars dans la poche de chaque ménage percevant moins de 75.000 dollars par an, ou 150.000 pour les couples. Ceux-ci risquent cependant de consacrer en priorité cette somme aux remboursements des crédits en cours davantage qu’à la consommation. La dette des ménages représente en moyenne 140% de leur revenu annuel, contre 68% en France. Les ménages ayant souscrit un prêt dit subprime sont les premiers touchés par ce fort niveau d’endettement.
Les autorités de régulation sont également visées: le secrétaire au trésor Henry Paulson a présenté un processus de remise à plat des institutions en charge des marchés financiers. Les compétences de la Fed seront accrues, jouant un rôle de régulateur de la stabilité des marchés. De plus, un nouvel organisme sera en charge du contrôle des institutions financières qui reçoivent des dépôts. Un régulateur sera également établi dans le domaine de l’assurance, apportant un échelon fédéral à une compétence relevant jusqu’alors des Etats fédérés. Point phare de la crise financière, les prêts immobiliers et les organismes prêteurs seront dans le collimateur de la Mortgage Origination Commission. Enfin, l’autorité de règlement des marchés financiers, la SEC (Securities and Exchange Commission) fusionnera avec l’organisme chargé des marchés des matières premières et des changes.