Des interviews avec des artistes ont permis aux bartenders du Gravity Bar, à Paris, de concevoir de nouveaux cocktails très originaux.
Sous la vague du Gravity Bar, rue des Vinaigriers, dans le 10ème arrondissement de Paris, on surfe sur la créativité. Ce célèbre bar à cocktails a lancé en juin dernier un nouveau menu, sous la houlette de Steven Chicard, bar manager, et de Jeanne Mathieu, assistante manager. “IV, my people menu” regroupe les inspirations de huit artistes, déclinées en huit cocktails, ainsi qu’une recette déjà présente précédemment (succès oblige) et un cocktail à la pression à base de whisky Monkey Shoulder.
“Pendant la crise Covid, nous avons été touchés par le soutien des marques et la présence des habitués du quartier, notamment lorsque nous avons réalisé de la vente à emporter. Nous avons souhaité mettre les gens à l’honneur, avec un menu renouvelé”, expose Steven Chicard, arrivé aux commandes en juillet 2020. Huit artistes, ou amis proches de l’équipe du bar (tatoueur, contorsionniste, graffeur, designer, architecte, beatmaker, photographe, batteur) ont pu exposer leur parcours et leurs envies à travers des interviews, avant que Steven Chicard et Jeanne Mathieu transcrivent leurs propos en cocktails – bien évidemment soumis à une dégustation préalable avant le lancement.
Thomas Giraudon, client régulier du Gravity Bar et designer de profession, a assuré la conception graphique de la carte. Un bel objet imprimé (et pas un QR code) qui permet de présenter un cocktail par page et le contexte de chaque création, avant un résumé à la fin du livret. “Nous avons été à l’imprimerie pour sélectionner le grammage du papier”, s’amusent les managers du bar. Les illustrations ont été réalisées par les différents artistes.
Des recettes audacieuses
Parmi les nouveaux cocktails, Latika (14 euros) veut à la fois faire écho à la Méditerranée et à l’Inde, ce même Thomas étant originaire de Nice (Alpes-Maritimes) et ayant vécu six mois en Inde. “Il aimait commander des cocktails au whisky”, indique Steven Chicard. Du whisky Dewar’s 12 ans entre donc dans la recette, tout comme de l’arrack Ceylon (disponible à La Maison du Whisky), un spiritueux (40%) sri-lankais élaboré à partir de sève de fleur de cocotier, récoltée, distillée puis élevée en bois d’Halmilla. Curcuma, origan et vermouth Noilly Prat ambré sont aussi de mise. Un cocktail très puissant, aux notes affirmées de whisky, dans l’esprit, au goût, d’un vieux carré ou d’un old fashioned. Une belle pointe fromagère vient ponctuer ce drink proche des cocktails classiques, mais présenté avec un support de verre original, en forme d’artichaut, imprimé en 3D à façon.
Pour réaliser le cocktail Combattante (14 euros), Jeanne Mathieu a travaillé avec une amie, Julie, acrobate. “Elle a commencé sur un bateau, dans les pays nordiques, avant de poursuivre sa carrière à l’international. Julie aime aussi jouer avec le genre, et aurait aimé vivre à l’époque des freak shows, dans les années 30.” Place, donc, à un cocktail très audacieux, composé d’aquavit (Linie), de bière stout, d’aneth, de vin pétillant naturel et de blanc d’oeuf, accompagné d’une cuillère d’oeufs de poisson rouge (capelan) rappelant l’idée d’un talon. On comprend instantanément l’idée de recourir à l’aquavit, tandis que la bouchée d’œufs de poisson permet de distiller des notes iodées. Un cocktail à double tranchant – on aime, ou pas : résolument salin, et à la couleur inattendue, il percute bien avec le poisson. La stout confère une légère amertume. “A Londres et à Singapour, j’étais habitué à travailler avec la bière”, souffle Steven Chicard. Un moyen d’obtenir une belle mousse. La bière est cuite sous vide avec de l’acide citrique. De l’aneth est ajouté.
Quant au Wave 44 (12 euros), référence à la vague en bois ornant le bar et à l’emplacement de l’établissement, il s’agit d’un cocktail élaboré avec Antoine, un architecte ami de longue date de Marc Longa, propriétaire du Gravity Bar. Rhum Bacardi 4 ans, vin Lustau Fino cortado, Cointreau, gentiane et soda au chinotto (fruit du bigaradier) composent la recette, destinée à faire part des désirs de ces passionnés de sports de glisse. Un cocktail sec au premier abord, mais très franc par la suite, présentant de belles notes orangées et porté sur l’amertume. “Il est beaucoup moins amer qu’un Negroni”, corrige Steven Chicard, qui recommande sa dégustation à l’heure de l’apéritif. Une gelée de fruits frais, à base d’agar-agar, de pastèque, de cassis et de fraise est réalisée pour les besoins de ce délicat cocktail low ABV.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.