Au salon Planète Bière, focus sur les vieillissements en barriques opérés par plusieurs brasseries, ainsi que sur les “vières” signées Gallia.
Ces dernières années, la bière a pris une place toujours plus importante chez les cavistes – tendance renforcée par les confinements. Les frontières entre la bière, le vin et les spiritueux s’avèrent de plus en plus poreuses : “on constate le lancement de davantage de bières vieillies en barriques. Les plafonds de prix de la bière ont explosé, mais les consommateurs sont prêts. Il faut toutefois veiller, malgré une demande en hausse, à la manière dont ces expériences sont faites et aux objectifs poursuivis. Hormis pour les spécificités d’une seule barrique, privilégier les assemblages peut permettre de se prémunir de certains défauts potentiels”, estimait Quentin Blum, fondateur du distributeur DBI, lors du salon Planète Bière, les 27 et 28 mars à Paris.
Brasserie rompue à ce mode de travail, Ninkasi dispose d’un avantage non-négligeable : une distillerie intégrée à ses locaux de Tarare (Rhône), lui permettant de dresser des passerelles entre les deux activités. Sa Quadruple Barrel Aged “est une véritable bière de dégustation à boire avec modération”, précise son équipe. Et pour cause : elle titre à 13,8%. Lancée en octobre dernier, cette bière a été vieillie pendant 11 mois en fûts de whisky (Track Ø3, lancé en 2019, pour sa part élevé en barriques de vin). De très belles notes caramélisées et beurrées peuvent être décelées dans cette bière. A découvrir également, la deuxième version du cidre “dry hoppé”, vieilli durant six mois en fût de whisky. Un produit très vineux, à 8,5% (contre 4% pour la version initiale du cidre), sur lequel la pomme (pomme verte, plus précisément, en bouche) prend le pas sur la poire.
De la bière au centre de Chablis
Dans l’Yonne, c’est à Chablis qu’a choisi de s’établir la brasserie Maddam en janvier 2017. “Nous sommes originaires de la région, et nous souhaitions façonner des bières au cœur du vignoble. Toutes nos références sont conçues comme des bières de dégustation”, précisent Vianney et Alexis Madelin, cousins et fondateurs. Aux côtés de leur summer lager (Rives du Serein, 5%, très céréalière) et de leur blonde bio (Porte romane, une pale ale à 5,5% très classique), ils proposent notamment une collection de bières élevées en fûts de chêne. Ainsi, la Vintage 2021 (8,3%) bénéficie d’un élevage de six mois en fûts de chablis, à l’issue de la fermentation : “on ne cherche pas le goût du bois, puisque les fûts ne sont pas neufs, mais l’empreinte du vin, en plus de la micro-oxygénation du bois”. Le côté légèrement vineux n’arrive, cependant, qu’en fin de bouche.
Vin et gastronomie en Bourgogne
Dans l’Yonne, à Saint-Père, changement de look pour la nouvelle référence de la Brasserie de Vézelay. L’entreprise, qui fête cette année son dixième anniversaire, a lancé la Grande bière de Bourgogne (6,9%), dans un élégant flacon noir, en rupture avec ses codes habiuels. Sa base d’ambrée est vieillie en fûts de Vosne-Romanée (domaine Prieuré-Roch) pendant six à neuf mois. Les barriques, issues du millésime 2017, ont permis de mettre au point une bière boisée et vineuse au nez, mais résolument douce à la dégustation. 2500 bouteilles ont été produites, destinées à une commercialisation auprès de restaurants gastronomiques.
Vin et bière ne font qu’un
A Pantin (Seine-Saint-Denis), la brasserie Gallia (totalement dans le giron de Heineken depuis août dernier) met, elle, à profit ses locaux historiques pour développer sa gamme de “vières” qui, comme leur nom l’indique, entendent rapprocher les univers du vin et de la bière. En un an et demi, le concept a connu de premières évolutions. Les produits, sont passés de 66 à 75 cl, afin de pouvoir être positionnés à proximité des pétillants naturels. “On peut aller chercher des gens qui n’aiment pas la bière, et inversement”, se réjouit Guillaume Botté, qui assure la distribution par l’intermédiaire de sa société Free Spirits Distribution. Une clientèle habituée aux réseaux traditionnels (cavistes, CHR) est ciblée par les quatorze références. La moyenne de taux de raisin dans chaque “vière” a été réhaussée à hauteur de 14% sous la houlette du chef brasseur Rémy Maurin. Nouvellement lancée, la “Noir, c’est noir”, aux notes fumées et grillées, s’appuie sur le cépage merlot, tandis que la référence au riesling (à venir prochainement), qui s’appuie sur une base de 80% d’orge et 20% de blé, est quant à elle nettement plus proche des saveurs du vin.
Chimay mise sur le whisky
En Belgique, Chimay met les projecteurs sur sa cuvée Pères trappistes – Grande réserve (10,5%), fermentée en barriques de whisky Gouden Carolus single malt à hauteur de 25% (également : 30% en fûts de chêne français, 45% en fûts de chêne américain). Cette édition 100% whisky (2022) fait suite à des millésimes rhum (2021), armagnac (2020) et chêne (2019). La gamme existe depuis 2015, toujours à base de Chimay bleue. Cette année, 34 200 bouteilles ont été produites.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.