Malgré la crise, le secteur de l’accessoire de mode a gardé le cap avec la création de nombreuses marques et un renouvellement marqué des collections. Focus au salon parisien Première Classe.
Forte effervescence début mars, au salon de l’accessoire de mode Première Classe, à Paris. Un grand écart entre des tons neutres et des modèles hauts en couleurs, ainsi que des start-up qui ont vu le jour durant la crise. “Pendant deux ans, les marques se sont recentrées sur elles-mêmes, ont travaillé différemment et ont pu se réinventer. L’accessoire a été extrêmement résilient, tout comme le bijou, du fait d’un caractère saisonnier moins affirmé. Les acheteurs ont bien travaillé sur la fin d’année 2021, mais l’actualité nous rattrape, avec une inquiétude généralisée”, constate Frédéric Maus, directeur général de WSN Développement, qui organise aussi le salon Who’s Next et ses déclinaisons.
De nouvelles marques
“Nous mettons en avant la jeune création à travers différentes initiatives, comme un partenariat avec le festival international de mode et de photographie d’Hyères, Autour du cuir, les lauréats du salon de l’optique Silmo ou le prix Première Classe. Nous accueillons de 25% à 30% de nouvelles marques à chaque édition. Les marques peuvent s’engager sur plusieurs saisons : leur présence récurrente rassure les acheteurs”, poursuit Frédéric Maus. De la haute joaillerie a également intégré le salon.
A Paris, Dilara Latrous a lancé sa marque début 2021, partant d’une passion pour le chapeau, après une carrière comme modiste pour de grandes maisons en Angleterre er et en Australie, et la confection de modèles sur-mesure. “Je crée un chapeau par heure, contre 600 en usine”, sourit-elle. Objectif affiché : pouvoir porter une touche d’élégance au quotidien, avec des matières sélectionnées en Europe et l’ajout d’un ruban “ton sur ton”, au lieu de jouer de manière plus évidente sur les contrastes. Le feutre de lapin est partiellement imperméable; la laine est traitée. Le feutre de laine est d’origine française (Montcapel, dans l’Aude). Des chapeaux de paille et des coiffes sont aussi disponibles.
Créée en 2020 à Paris par Charles Pinel et Harry Ancely, la marque Oblique s’inspire du néo futurisme, un courant architectural utopiste du début du XXIe siècle, “Cet idéal d’une vie ouverte” se retrouve dans les vestes et manteaux pour femmes proposés dans les différentes collections, en souhaitant allier esthétique, innovation et développement durable. La dimension architecturale est perceptible dans les coupes : “nos pièces à manches insufflent un sentiment de mouvement à nos silhouettes”. L’entreprise, qui promeut une vision holistique du développement durable, compte aussi sur la création de fictions, racontées sur son site internet, pour se démarquer à chaque collection. Prochainement, les pièces à manches deviendront intemporelles.
Juliette Angeletti a quant à elle lancé il y a trois ans Phi 1.618, une maison parisienne de haute maroquinerie basée sur le nombre d’or, “puisque l’Homme est habitué à cette harmonie”. Ceintures, bracelets, sacs ou maroquinerie made in France sont au programme depuis trois ans. Les cuirs sont issus de stocks dormants de grandes maisons.
Plus de bijouterie
Après un bachelor en communication et un diplôme en bijouterie-joaillerie obtenu au Canada, Agathe de Bonfils Lavernelle a pour sa part créé il y a un an sa marque de bijoux entièrement fait main en argent 925, en s’affranchissant du rythme des saisons. Les créations s’inspirent des détails de la nature, avec des détails qui rappellent les cailloux ou la végétation. Déjà bien fournie, la collection, visible sur Instagram, est amenée à s’enrichir.
Le renforcement de l’offre de Première Classe dans le secteur, marqué par l’introduction d’un corner dédié à la haute joaillerie (Precious Room), vise à répondre aux besoins des acheteurs. WSN Développement a également organisé, en janvier dernier, sa deuxième édition de Bijhorca Paris, un salon dédié à la bijouterie et aux montres dont elle a repris les commandes. “Cela s’est très bien passé. Nous avons dû apprivoiser un nouveau visitorat et nous adapter au passage de bijoux vendus en magasins de mode à des collections présentes en commerces d’horlogerie-bijouterie-joaillerie-orfèvrerie”, indique Frédéric Maus.
Customisation et sourcing affirmé
En tombant le masque, l’heure est venue de redécouvrir nos visages avec les élégants bonnets en cachemire bio de la marque autrichienne Hurray, lancée il y a cinq ans et récemment repensée avec un nouveau nom. 140 couleurs de bonnets, écharpes, bracelets ou t-shirts sont disponibles. Actuellement disponibles en Autriche, en Allemagne et en Suisse, les produits “éco-friendly” devraient prochainement l’être en France.
En Belgique, My bob, use your head revisite depuis dix ans les couvre-chefs en permettant à ses clients de les customiser. Il est possible d’ajouter des broches sur les différents chapeaux ou autres modèles de couvre-chefs, tandis que d’autres accessoires comme des porte-lunettes ou des colliers de chien enrichissent la gamme.
La marque espagnole Verbena Madrid apporte elle aussi une touche originale grâce à son sourcing de différents produits, comme le bambou, autour du globe. “Au 21ème siècle, où la technologie et la mondialisation pointent vers la disparition des métiers traditionnels, Verbena a pour mission de récupérer ces métiers artisanaux quasi disparus en les matérialisant dans des produits au design contemporain”, explique la marque. Boucles d’oreilles, colliers, sacs à main ou chapeaux sont de mise, tout comme d’élégants boîtiers initialement pensés, en Asie, pour le transport du riz. Des produits à retrouver, chez les détaillants, lors de la prochaine saison.