Après deux années marquées par la fermeture des remontées mécaniques, les professionnels des vins de Savoie aspirent à un rebond du tourisme et mettent davantage en avant les spécificités du territoire.
Savoie, Roussette de Savoie et Seyssel, telles sont les trois appellations d’origine protégée que recouvrent les vins de Savoie, dont le Conseil interprofessionnel des vins de Savoie (CIVS) assure la promotion et la communication (375 adhérents, qui produisent environ 115 000 hectolitres par an, pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros en moyenne). La zone (22 cépages, 2050 hectares, 20 dénominations géographiques) est caractérisée par sept cépages uniques au monde : altesse, jacquère, mondeuse blanche, mondeuse noire, molette, gringet, persan. Le crémant de Savoie a rejoint la gamme en 2015.
15 millions de bouteilles sont produites par an (70% vins blancs, 20% vins rouges, 6% vins rosés, 4% mousseux), vendues à hauteur de 45% en grande distribution, 40% en CHR et chez les cavistes, 10% en direct et 5% à l’export. Des négociants assurent la production à raison de 46%, devant les vignerons indépendants (39%) et les coopératives (15%). Franck Berkulès, chargé de communication du CIVS, décrypte les défis actuels de la profession.
Comment les vins de Savoie ont-ils traversé la crise ?
Nous avons été très affectés par la fermeture des stations de sports d’hiver, ce qui nous a fait le plus mal au cours des deux dernières années. Cela ne s’était jamais vu. De décembre à mars, nous réalisons 65% de notre chiffre d’affaires. Sans remontées mécaniques, nous avons dû perdre 20% à 30% de chiffre d’affaires sur l’année 2021, puisque la saison estivale a permis de compenser partiellement ces volumes manquants 40% de nos ventes en valeur sont réalisées par le circuit CHR. Nos régions sont très touristiques.
Souhaitez-vous amplifier ces volumes en cafés-hôtels-restaurants ?
Nous avons le projet d’organiser un événement entre les restaurateurs et les producteurs de Savoie-Mont-Blanc. Nous avons de plus en plus de débouchés au niveau national, notamment chez les cavistes et les restaurants. Ce n’était pas le cas il y a encore dix ans. Nous avons un relais de presse parisien depuis douze ans. Nous avons par ailleurs une politique massive, depuis 2014, à l’export pour ouvrir des marchés à des producteurs sur des pays-cibles (Etats-Unis, Canada qui représentent 80% de l’export pays-tiers). Le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède et la Norvège se sont hissés parmi nos pays européens en 2021.
Quels atouts mettez-vous en avant ?
Notre force est de garder une belle fraîcheur dans nos vins. Nous avons la chance de l’avoir conservé, dans l’air du temps, malgré le réchauffement climatique. Nous avons des cépages qui ne montent pas trop en alcool. Nous avons des vins minéraux et aériens, ce qui plaît beaucoup à la nouvelle génération de cavistes. Il y a encore quinze ans, les gens ne buvaient que des vins assez gras. Nous n’utilisons jamais de fûts neufs.
De quelle manière ciblez-vous les jeunes générations ?
Nous avons beaucoup de nouveaux vignerons entrants, par l’intermédiaire d’appui des professionnels locaux. Nous avons réalisé une campagne l’an dernier pour mettre à l’honneur la nouvelle vague de producteurs. Nous avons modifié les codes de communication, plus urbains que ceux de la Savoie « traditionnelle ». Pour aller chercher de nouveaux consommateurs, nous sommes de plus en plus actifs sur les réseaux sociaux. Les jeunes sommeliers et cavistes peuvent être des prescripteurs. Nous avons un sommelier qui forme les écoles hôtelières savoyardes, puis nous nous déplaçons sur le reste du territoire, en s’adressant principalement à des élèves en Mention complémentaire sommellerie.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.