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“Caen n’était pas suffisamment perçue comme un bassin économique idéal pour s’installer”

3 min de lecture
Ville de Caen - Place Saint-Sauveur

Caen et son agglomération comptent capitaliser sur les envies d’ailleurs post-confinements. Mise en avant des atouts économiques, culturels et écologiques de l’aire urbaine sont de mise.

Nouvelle donne pour Caen (Calvados). La ville et son agglomération (468 000 habitants) entendent mieux faire connaître leurs atouts, pour séduire un public urbain souhaitant délaisser les grandes villes sans pour autant se couper des bassins d’emploi et culturels. Les 48 communes comptent 187 000 emplois et 38 000 entreprises. Carn apparaît en sixième position dans le dernier classement du JDD des villes où il fait bon vivre. “La pandémie et le premier confinement ont fortement développé l’intérêt pour les villes moyennes”, souligne Joël Bruneau, maire de Caen et président de la Communauté urbaine Caen la mer, qui répond à nos questions.

Quelle image avait le territoire de Caen lorsque vous avez souhaité faire évoluer la plateforme de marque ?

Caen et son bassin de vie bénéficient d’images très positives et assez largement perçues : qualité du cadre de vie, entre l’urbain, la campagne, la mer ou encore les montagnes de la Suisse normande. Idem pour la présence d’agriculteurs et de producteurs favorisant les circuits courts et une production raisonnée et durable. Le coût de la vie ou des logements, sans commune mesure avec celui de l’Île-de-France par exemple, est lui aussi repéré. Et je ne parle pas de l’histoire caennaise et normande. Mais, nous avons assez rapidement noté que nous étions perçus certainement trop comme un lieu de détente pour un week-end ou des vacances, et pas assez comme un bassin économique où l’on pouvait se projeter pour, certes avoir une vie familiale épanouie, mais aussi mener avec réussite une carrière professionnelle, en particulier dans des filières innovantes.

L’attractivité de la ville s’est-elle renforcée sous l’effet des différents confinements et départs d’urbains de grandes métropoles ?

S’il est difficile d’obtenir des études chiffrées précises, en revanche, côté indicateurs plus qualitatifs et côté déclarations des professionnels locaux de l’immobilier par exemple, il est indéniable que les demandes se sont multipliées. Et si ces expressions de souhaits de départ des grandes métropoles vers des bassins de vie plus réduits s’entendent un peu partout en France, il est certain que nous sommes, à Caen, dans la catégorie qui coche toutes les cases, au regard des attentes exprimées par les candidats au départ. D’abord une ville suffisamment grande pour avoir accès à toutes les fonctions métropolitaines, mais dont l’organisation spatiale relève plus de ce que l’on imagine être une ville “moyenne”. Surtout, un bassin économique qui offre toutes les opportunités professionnelles. L’ensemble profitant de très nombreuses connexions avec le monde universitaire et ses 35 000 étudiants, les laboratoires de recherche fondamentale et des pôles de compétitivité actifs et ouverts. Ensuite, une ville dont les offres de loisirs, de culture ou de sports sont abondantes mais avec la garantie, néanmoins, d’une vie quotidienne sereine.

«Les temps de déplacement sont réduits»

Comment appliquez-vous le concept de ville du quart d’heure ?

Le concept de “ville du quart d’heure”, cher à l’universitaire franco-colombien Carlos Moreno, concerne à l’origine les très grandes villes, les métropoles, qui, parce qu’elles souffrent d’étalement urbain excessif, souhaitent désormais recréer de la proximité entre les habitants et des services. L’ensemble de ces liens ne devant pas excéder un rayon d’un quart d’heure de temps de déplacement. Dans une aire urbaine comme celle de Caen, cette proximité entre lieu de résidence, lieu de travail, écoles, commerces, hôpital et centres de soins, équipements culturels ou sportifs et bien sûr accès à la nature, est réelle et ne nécessite aucune révolution des aménagements publics. Notamment lorsque le territoire dispose, comme à Caen, d’un réseau fourni de transports en commun, de services de locations de vélos – et la plupart électriques – ou encore de réseaux urbains de pistes cyclables.

Quels sont les éléments mis en avant pour rappeler le dynamisme économique de la ville et de son agglomération ?

Côté rationnel, notre effort porte sur l’aspect économique et en particulier sur l’appui aux recrutements de nos entreprises. Nous nous appuyons en particulier sur deux choses. Des événements professionnels à Paris, mais aussi des campagnes de vidéos diffusées prioritairement sur les réseaux sociaux, donnant la parole à des nouveaux venus sur le territoire – voire des anciens qui reviennent – qui présentent leur entreprise, leur emploi et les perspectives de développement de leur secteur. Il porte aussi sur la promotion de nouveaux modes et lieux de travail. Côté plus symbolique, nous mettons en avant nos valeurs. Il peut s’agir du rapport si particulier à la culture et au partage de la connaissance. Il peut s’agir aussi des notions de liberté – dont celle gagnée ici en juin 1944 – et de paix, chacune alimentant une réflexion continue.

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Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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