Au Japon, les producteurs de whisky peinent à suivre la demande. Une situation qui illustre bien la place prise par ce pays sur la scène des spiritueux. A Mérignac (Gironde), Whiskies du Monde observe depuis 1999 ce paysage changeant. Le distributeur de spiritueux a fondé son développement sur l’importation de nombreuses références. Il a depuis élargi sa gamme et lancé, à l’automne dernier, plusieurs nouveautés. Parmi elles, les whiskies japonais Togouchi, vieillis dans un tunnel de 361 mètres “offrant des conditions de maturation optimales”, disposent de deux nouveaux produits (Saké Cask Finish et Pure Malt). En-dehors du Japon, Hwayo X.Premium, “le premier whisky sud-coréen produit exclusivement à partir de riz”, est aussi disponible. L’occasion d’aller voir plus loin. Florence Oliet-Pontoizeau, directrice générale, nous en dit plus.
Depuis la création de Whiskies du Monde, comment avez-vous vu évoluer l’engouement pour les whiskies japonais ?
Nous pensons que les whiskies japonais se sont imposés comme une catégorie incontournable du paysage des whiskies. Les grandes maisons japonaises ont su dominer le marché grâce à leur exigence et à l’art de l’assemblage à la japonaise. Aujourd’hui, les grands acteurs du secteur ont ouvert la voie à des distilleries émergentes qui ont à cœur de proposer une production typiquement japonaise. Nous ne doutons pas une seconde de leur capacité à continuer à séduire et à surprendre les amateurs français.
Comment expliquez-vous l’engouement pour les whiskies japonais et asiatiques ?
Même s’ils aiment avoir leurs repères, les consommateurs restent en perpétuelle quête d’évasion. Avec le temps, les producteurs émergents du « reste du monde » ont su démontrer une habileté certaine dans l’art de la fabrication du whisky. Il ne s’agit plus de créer un whisky pour faire comme tout le monde mais bien de défendre les richesses d’un patrimoine national à travers une bouteille. La recherche de qualité, d’authenticité sont devenues pour beaucoup de producteurs et de clients les seuls mots d’ordre.
De quelle manière assurez-vous votre sourcing sur ce segment et parvenez-vous à répondre à la demande ?
Des relations solides de confiance, une certaine capacité d’innovations et la recherche de références toujours plus authentiques, exotiques, uniques sont les clés de nos succès. Cela fait maintenant dix ans que nous entretenons des relations très privilégiées avec le Japon, nos histoires sont liées et elles le resteront. À titre d’exemple les marques Akashi et Togouchi sont propriétés de Whiskies du Monde sur toute l’Europe. La qualité de nos relations a incité d’autres producteurs nippons émergeants comme les distilleries Komasa, Sakurao, Kanosuke à nous confier la distribution de leurs références.
“La créativité n’a plus de limites”
Quelles références vous ont notamment marqué ?
De nouveaux profils aromatiques sont aujourd’hui exploités, notamment avec la création de finitions particulières : en fûts de bières (Togouchi Beer Cask Finish), en fûts de sakés (Togouchi Saké Cask Finish) ou même en fûts de vins blancs et rouges (Akashi Red Wine Cask, Akashi white Wine Cask)… la créativité n’a plus de limites ! En septembre dernier nous avons dévoilé une nouvelle destination, la Corée du Sud, avec la distillerie Hwayo qui produit le whisky du même nom. La distillerie Hwayo est la seule véritable distillerie de whisky du pays. Nous avons été séduits par le savoir-faire du master distiller, M.Saehee Moon, qui élabore un single grain raffiné et élégant, produit exclusivement à partir de riz. En effet, la Corée du Sud maîtrise à la perfection le travail de cette céréale puisqu’elle est la matière première du soju, une boisson traditionnelle coréenne très populaire.
Qu’en était-il y a quelques années ?
En 2015 et en 2016 nous avions également dévoilé nos partenariats avec deux distilleries phares du continent asiatique : la distillerie Paul John en Inde et la distillerie Nantou à Taïwan. Depuis cinq ans, nous mettons tout en œuvre pour mettre en lumière les savoir-faire de ces deux nations. Pour la distillerie Nantou, nous avons été force de proposition pour la refonte de leur marque de single malts, ce qui a donné naissance à la gamme Yushan Signature. Pour Paul John, nous avons notamment fait créer des références sur mesure, Paul John Nirvana en GMS ou bien encore très récemment Paul John Pondicherry, référence dédiée à l’enseigne Nicolas.
Comment s’est renforcée la présence de ces whiskies en CHR, chez les cavistes et en GMS ?
La crise sanitaire que nous traversons a frappé particulièrement le secteur export et le duty free. Pour des marques comme Yushan et Yamazakura, bien implantées sur ces segments, la croissance est légèrement négative. Les autres marques restent en croissance. Les ventes d’Akashi ont augmenté de 8% en volume et celles de Togouchi de 11%, tous réseaux confondus. Malgré la crise, la croissance est également positive à un chiffre pour Paul John. Sur les douze derniers mois (l’interview a été réalisée en décembre 2020), nous avons vendu environ 40 000 cols de la marque en France, ce qui est une très belle performance au sein de la catégorie relativement récente des whiskies indiens. Depuis plusieurs années, nous avons aussi fait en sorte de développer des références de nos marques phares spécifiquement pour certains réseaux, comme nous vous l’expliquions pour Paul John Nirvana (GMS) ou Paul John Pondicherry (exclu Nicolas). Akashi Meïsei et Togouchi Kiwami, réservées aux circuits on-trade se sont eux imposées comme de véritables incontournables chez les cavistes. Togouchi Premium est quant à lui désormais le leader de sa catégorie (whiskies japonais) en GMS.
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