Créée en 1832, la maison Castarède, négociante et productrice d’armagnac, souffre des restrictions liées au commerce et de la fermeture des CHR. Elle dispose par ailleurs d’une gamme dédiée aux bars à cocktails.
La plus ancienne maison de commerce d’armagnac est toujours fringante. Créée en 1832, la maison Castarède, basée à Mauléon d’Armagnac (Gers) et disposant de bureaux à Paris, produit de 30 000 à 35 000 personnes par an. Huit personnes s’affairent à la tâche, sur les deux sites. L’année 2020 a été tourmentée, à l’instar de nombreuses entreprises du secteur – le chiffre d’affaires devrait reculer entre 35% et 40%. Les restrictions et la baisse du tourisme ont notamment affecté les résultats de novembre et décembre, des mois où les cadeaux sont traditionnellement légion.
“Nos produits, qui ne sont pas essentiels, voient leur commercialisation se réduire. Le commerce, à la fois français et international, s’est arrêté pendant plusieurs semaines. L’armagnac est un produit très convivial. On ouvre traditionnellement un digestif en fin de repas entre amis. Côté ventes, les gens ont peur de rentrer dans les magasins, ou alors recherchent, notamment aux Etats-Unis, les marques qu’ils connaissent. Les cavistes peuvent passer moins de temps avec les clients. La fermeture des CHR est catastrophique. Dans les hôtels, on consomme des digestifs”, rappelle Florence Castarède, PDG.
Si certaines charges ont diminué (moins de voyages, un peu de chômage partiel…), d’autres postes de dépenses (électricité, impôts, loyers, locations de matériel informatique…) ont continué à courir. À la boutique du boulevard Haussmann, à Paris, A Haussmann, l’impact du télétravail, la baisse de la fréquentation dans le quartier ou encore la fermeture du musée Jacquemart-André ont affecté l’activité. 70% du chiffre d’affaires est réalisé à l’export, principalement sur l’Angleterre, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Italie et l’Ukraine. La présence commerciale s’effectue au total dans 55 pays.
Un bassin de clientèle à élargir
Initialement basée en Lot-et-Garonne, la maison est devenue, il y a plus de quarante ans, productrice dans le Gers (château de Maniban). “Nous sommes vignerons, distillateurs et nous assurons le vieillissement, le métier mythique de l’appellation Armagnac. Nous aérons les eaux-de-vie, nous passons d’un fût à l’autre…”, décrit Florence Castarède, dont la structure est labellisée Entreprise du patrimoine vivant. Ses produits ont été récompensés à de nombreuses reprises.
Il reste encore du travail à faire pour élargir la palette de clients, assure la PDG : “l’image de l’armagnac est celle d’un produit de terroir et artisanal. Les consommateurs suivent les effets de mode : le gin, le rhum, mais pas encore à l’armagnac. Les importateurs-distributeurs travaillent avec le CHR et les magasins spécialisés. J’essaie d’investir sur des plateformes commerciales – par exemple, cette année, des salons digitaux. Il faut trouver de nouveaux clients”.
“Depuis vingt ans, je commence toujours, en animation, par un cocktail à l’armagnac. Il faut démarcher les bartenders, mais cela prend du temps et il y a de grands groupes en face”, poursuit Florence Castarède. Pour les Etats-Unis et les marchés internationaux, la gamme de bas-armagnac Gaspard de M. a été créée. Une offre de deux références (la Blanche à 44,5% et le Distiller’s Cut à 45,3%) dédiées à l’univers du cocktail. “Avec son packaging décomplexé mais ancré dans l’histoire, et son positionnement prix adéquat pour les bars, Gaspard de M. est une gamme d’eaux-de-vie gasconnes qui a une présence et une complexité idéales pour l’élaboration de cocktails classiques et modernes”, explique l’entreprise. Ugni-blanc et colombard composent ces produits.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.