Les conditions de travail subissent une nette dégradation en cas de fortes chaleurs. Affectés, les salariés relâchent leur attention et encourent des risques personnels et professionnels. Des mesures de prévention permettent d’anticiper cette situation, complétées au niveau règlementaire.
Fatigue, baisse de la vigilance, manque d’hydratation: la chaleur affecte les salariés dans leur activité professionnelle, un problème récurrent faisant l’objet de prises en compte différentes selon le secteur et le lieu d’activité. Dans l’usine Renault de Flins, « cent-cinquante capteurs sont installés. Si quarante-cinq d’entre eux détectent un dépassement du seuil des 25 degrés, les responsables de l’atelier d’assemblage se mettent alors à distribuer des bouteilles d’eau et des boissons aux employés », expliquait récemment à Usinenouvelle.com le constructeur. Les chaines d’assemblage constituent un des points les plus sensibles des sites de production.
Le législateur et les autorités ont, depuis quelques années, renforcé les dispositions en la matière. L’instauration, en 2004, d’un Plan national canicule, a accéléré le processus. Cette année, le ministère du Travail insiste ainsi sur les facteurs déclencheurs de coups de chaleur, amplifiant les mesures de prévention existantes.
Un cadre législatif qui se renforce
L’évaluation des risques dus aux fortes chaleurs constitue une obligation faisant l’objet de rappels réguliers. A l’article L4121-1 du Code du Travail, qui pose des principes généraux – « prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » – s’adjoint un ensemble de dispositions, parmi lesquelles la mise à disposition d’un local ou des aménagements de chantiers garantissant ces deux éléments.
Un décret de décembre 2008 a apporté des précisions à ces dispositions, un inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail, y compris ceux liés aux risques thermiques, devant être transcrits au sein d’un document unique d’évaluation des risques, tenu à la disposition des salariés et des acteurs liés au domaine sanitaire dans l’entreprise.
Le Code du Travail précise par ailleurs que les postes de travail extérieurs doivent être aménagés de façon à protéger les salariés des conditions atmosphériques, tandis que l’air doit être renouvelé dans les locaux fermés. Des principes « de base » qui structurent le cadre législatif et réglementaire en vigueur. Des abris ou points d’ombre doivent par ailleurs être mis en place pour l’extérieur.
Le BTP en première ligne
Le bâtiment figure parmi les secteurs les plus concernés par l’augmentation de la température extérieure, la condition physique des travailleurs étant davantage affaiblie durant les périodes de fortes chaleurs. « Nous travaillons de 6 heures à 14 heures, alors que nos horaires normaux sont 8h-12h et 13h30-17h30. En plus de la chaleur ambiante, nous devons supporter des températures au sol pouvant monter à 140°C-150° lorsque nous faisons des enrobages », témoigne un chef de chantier d’Albi à La Dépêche du Midi.
Les organisations professionnelles de la branche sont régulièrement sollicitées pour valoriser les meilleures pratiques. A Montpellier, la Fédération départementale des travaux publics a ainsi obtenu l’autorisation de débuter les opérations dès 6 heures du matin. Sur les chantiers du BTP, au moins trois litres d’eau par salarié doivent être quotidiennement mis à disposition du personnel.
L’institut national de recherche et de sécurité diffuse pour sa part une brochure spécifique sur le sujet, incitant à de nombreux aménagements dans l’organisation du travail. Limitation du travail physique, installation de points d’eau, pauses plus fréquentes, renforcement de la surveillance en équipe: des dispositions simples qui permettent d’anticiper les risques éventuels… et de contenir, ainsi, la baisse de la productivité générée par cette chaleur. Un thème auquel les chefs d’entreprise ne devraient pas rester insensibles.