Créée en 2014, la brasserie artisanale Deck & Donohue a bien grandi – elle brasse désormais 5000 hectolitres par an depuis ses locaux de Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne). L’entreprise, qui compte onze personnes, devient la première brasserie à adopter le statut “d’entreprise à mission” initié par la loi Pacte de 2019. Celui-ci permet de souligner sa raison d’être grâce à plusieurs objectifs sociaux et environnementaux. “Nous existons pour créer des expériences gustatives inspirantes, porteuses de sens et créatrices de liens”, clame la PME.
Deck & Donohue, qui compte plus de 300 lieux de distribution pour ses bières (cinq références permanentes, quatre bières saisonnières et des gammes spéciales) fonctionne grâce à de l’énergie renouvelable depuis 2019, a recours à des malts bio depuis 2014 et a obtenu une certification l’an dernier, a réduit sa consommation en eau, utilise des fûts jetables pour moins de 10% de sa production et embauche uniquement en contrats à durée indéterminée, au minimum à 30% au-dessus du Smic. Elisa Sauban, responsable marque et culture, nous en dit plus.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir une entreprise à mission ?
Nous avons toujours considéré que les entreprises doivent s’engager, et nous avons veillé depuis les débuts de la brasserie à limiter notre impact écologique et considérer l’ensemble de notre chaîne de valeur avec un prisme RSE, de nous questionner sur nos actions. Ce nouveau statut est ainsi en phase avec ce que nous faisons depuis plusieurs années, et nous sommes heureux de pouvoir aujourd’hui donner un ancrage légal et communiquer officiellement sur notre volonté d’avoir un impact positif sur l’environnement et les hommes.
Quels efforts avez-vous réalisés ces dernières années ?
Côté croissance partagée, nous avons mis en place un programme permettant à tous nos employés de profiter d’expériences gustatives chez nos clients, qui correspond à une enveloppe de 150 euros chaque mois. Nous avons obtenu la certification bio sur l’ensemble de notre gamme permanente en passant tout notre malt en bio, et en travaillant sur nos houblons. Nous maximisons les houblons cultivés en Europe 40% provenant d’Europe en 2019, et 78% au premier semestre 2020, dont 63% cultivés en France), et nous augmentons notre part de houblons bio, 61% de notre houblon était bio sur le premier semestre 2020, et nous visons les 90% en 2021. Nous travaillons actuellement avec des houblonnières sur des contrats de houblons bio qui seront disponibles dans les prochaines années.
Quid de l’environnement ?
Pour réduire notre empreinte de production nous travaillons depuis 2019 avec 100% d’énergie renouvelable ou à compensation carbone, et nous donnons l’ensemble de nos drèches à la ferme des Monts Gardés, en Seine-et-Marne (80 tonnes en 2019) avec laquelle nous collaborons sur divers projets, en prenant à notre charge le transport vers la ferme. Le fait de travailler avec une installation plus grande nous a permis de réaliser des économies significatives sur notre consommation d’eau et d’énergie. Par exemple, pour l’eau, nous avons pu réduire notre consommation d’eau de 11 litres à 5.5l par litre de bière produit en brassant dans des cuves plus grandes nous pouvons réduire l’eau utilisée pour le nettoyage; et en mettant en place une cuve de récupération de l’eau que nous utilisons pour le refroidissement de la bière. A Montreuil cette eau était perdue; dans notre nouvelle brasserie, elle est utilisée pour le brassin du lendemain!
Quels segments doivent encore évoluer pour être plus performants en matière environnementale ?
Il y aura toujours des améliorations à apporter à notre fonctionnement. Nous réfléchissons entre autres à limiter l’impact environnemental pour nos approvisionnements et livraisons, en explorant les pistes du transport fluvial, des livraisons en électrique et à vélo sur le dernier kilomètre. Nous travaillons également sur un paramètre qui concerne les matières premières et les déchets de production: le CO2. Nous aimerions pouvoir récupérer le CO2 issu de la fermentation de nos bières, que nous perdons aujourd’hui en partie. Nous pourrions ainsi l’utiliser lors de l’embouteillage et pouvoir remplir nos propres bonbonnes de CO2 pour nos clients.
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