Forte croissance du bio, développement des vins de soif, efforts à l’export : ces dernières années, les vins de Cahors ont conquis de nouveaux publics.
La crise du Covid-19 a freiné les ambitions des vignerons de l’appellation d’origine contrôlée Cahors (Lot). Ces dernières années, l’appellation s’est surtout développée à l’export, passant en huit ans de 10% à 40% de ventes (avant le Covid-19). “Nous avons mis le malbec en avant, ce qui a fait beaucoup plus connaître les vins de Cahors”, précise Pascal Verhaeghe, président de l’interprofession des vins de Cahors. Le Canada, les Etats-Unis et le Royaume-Uni représentent 70% des ventes. “Il y a eu un effort sur la Chine, mais avec des résultats moindres”, concède le responsable.
“Il faut continuer à développer l’image et la qualité de nos vins. Avant la crise, nous voulions arriver à 45% à 50% d’exportations, mais il ne faut pas aller plus loin, cela peut dangereux”, estime Pascal Verhaeghe. Le territoire compte 4500 hectares plantés (dont 500 ha de vins de pays IGP Côtes du Lot), pour 250 vignerons et une cave coopérative (20% des 20 millions de bouteilles produites par an). L’aire couvre 21 700 ha. Uniquement des vins rouges sont produits, au minimum à base de 70% de malbec. 85% du vignoble sont plantés en malbec, ce qui en fait le premier producteur français.
Une image réhaussée
Ces dernières années, l’interprofession s’est également attachée à gagner des parts de marché dans le CHR. “Nous avons travaillé sur l’image et de gagner en notoriété grâce aux prescripteurs. Cela a donné confiance à beaucoup de vignerons”, ajoute Pascal Verhaeghe. Chefs et sommeliers sont conviés à découvrir les vins et à imaginer des accords, répercutés auprès des revendeurs et des médias. Le réseau traditionnel France représente environ 30% des ventes. Il y a dix ans, la grande distribution permettait d’écouler 60% de la production. Un travail collectif a permis de rehausser l’image des vins, et de trouver des marchés plus rémunérateurs.
Parmi les pistes d’avenir, figure un renforcement sur le segment de l’apéritif. “Traditionnellement, Cahors avait une image de vins de garde mais, depuis une dizaine d’années, les vignerons produisent davantage de vins de soif. Les vins de garde sont intéressants pour l’image, mais les vins de soif sont intéressants pour être consommés en repas, hors-repas, et cibler les jeunes. Les réseaux cavistes et restaurants nous ont fait part de cette demande, que l’on retrouve dans la plupart des appellations”, explique le président de l’interprofession.
Un développement rapide du bio
Exception notable dans le paysage français, le réchauffement climatique semble poser peu de problèmes : “depuis au moins une dizaine d’années, on n’a plus de problèmes de maturité sur l’appellation. Par contre, nous avons de plus en plus de risques de gelées de printemps. Les bourgeons sortent beaucoup plus tôt que d’habitude.” Deux épisodes de gel ont été constatés en quatre ans.
Les vins de Cahors comptent par ailleurs se tourner vers l’avenir avec le renouvellement des pratiques et des générations. En dix ans, les surfaces en bio sont passées de 6% à 30% de surfaces en bio. Beaucoup d’exploitations ont grandi. Des jeunes achètent quant à eux de petits domaines, “à des prix qui restent accessibles”.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
Photo: Jean-Luc Exposito