Marketing renforcé sur le marché français, activations dans la restauration : les vins d’Alsace veulent toucher davantage de consommateurs.
Les vins d’Alsace veulent élargir leur cible. “La reconquête du marché français est essentielle”, clame Philippe Bouvet, directeur marketing du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (CIVA). Le vignoble regroupe 3812 producteurs dont 850 metteurs en marché, sur 16 000 hectares. 121 millions de bouteilles ont été commercialisées en 2018, à hauteur de 74% en France. Dans les sols, treize familles géologiques permettent à sept cépages principaux de s’exprimer.
“Nous avons poursuivi le travail sur les piliers de positionnement. Premièrement, 90% de notre savoir-faire est concentré sur les vins blancs. Deuxièmement, le vignoble alsacien est à taille beaucoup plus humaine que la comparaison avec d’autres vignobles. Troisièmement, on retrouve dans la région tous les types possibles de sols. Nous avons aussi beaucoup investi en études”, explique Philippe Bouvet.
Depuis deux ans, le budget marketing dédié au marché français a été accru de 60%. Les vins d’Alsace ont été présents en affichage, notamment en Ile-de-France, dans la presse et à travers des événements. “Le marché du vin souffre d’une connotation encore inaccessible aux gens, avec les «sachants» et les «ignorants». C’est terrible comme barrière pour un consommateur qui ne s’y connaît pas vraiment. Nous essayons de rendre le marché plus accessible”, poursuit le directeur marketing.
Miser sur la restauration…
Le circuit cafés-hôtels-restaurants représente 20% des ventes. Désormais, le CIVA essaie de travailler “toujours aussi bien” le segment de la haute gastronomie, mais cherche à démontrer aux non-consommateurs les qualités des vins d’Alsace. Pour cela, l’objectif est d’être présent dans l’ensemble des types de restauration, afin de gagner en volume et de multiplier les points de contacts. D’après une étude menée par CHD Expert, en 2019, 35% des établissements interrogés proposaient au moins une référence de vin d’Alsace, un chiffre en progression de quatre points en un an.
“Ce secteur est vraiment porteur de croissance. Il y a un fort besoin d’accompagnement. L’attente numéro un des restaurateurs se porte sur les volumes et leur marge”, indique Stéphanie Dumont, responsable études. Le développement de la vente de vin au verre en fait partie. Le CIVA travaille sur des activations en restaurant et dans les bars. Il a également contribué à l’opération J’aime mon bistrot, destinée à soutenir les établissements au moyen de pré-commandes. Par ailleurs, face au constat que tous les restaurants ne disposent pas d’un sommelier, davantage de rencontres sont organisés. Lors des prochains salons professionnels (Egast et le Sirha), un coupon de dégustation permettra aux visiteurs d’être guidés sur le bar, après leur avoir demandé quelle était leur principale idée reçue sur les vins d’Alsace.
… et sur les vignerons
Autre facteur de résonance : les vignerons, “nos meilleurs ambassadeurs”. L’an dernier, 500 vignerons avaient été réunis pour la présentation la feuille de route de l’interprofession – une opération réitérée cette année à distance. “En Alsace, nous avons commencé la biodynamie il y a cinquante ans”, rappelle par ailleurs Stéphanie Dumont. La partie bio, elle, représente plus de 20% du vignoble.
Quelques coups de cœur
Pour “casser les codes”, l’interprofession a organisé au début de l’année une soirée de dégustation à Paris au Ground Control, une ancienne halle ferroviaire (photo de couverture). L’occasion, pour vingt producteurs, de présenter une sélection de leurs vins.
Etabli en 1938 à Eguischeim, le domaine Paul Gaschy propose un crémant d’Alsace extra-brut, resté cinquante-quatre mois sur lattes avant dégorgement. “Pour obtenir le crémant, nous effectuons une seconde fermentation alcoolique en bouteilles, avant l’apparition d’un dépôt de levures retiré par la suite”, explique Hervé Gaschy, vigneron. La durée minimale avant dégorgement est de douze mois. Autre vin à découvrir, le gewurtztraminer 2015, lieu-dit Fronenberg, au côté salin. De quoi accompagner une cuisine épicée.
A Gertwiller, le domaine Burckel-Jung, en activité depuis 1802 et converti en bio en 1982, labellisé Demeter en 2017, propose notamment un crémant d’Alsace (2017), au côté “festif et pétillant”, ainsi qu’un vin AOC Alsace communale Klevener de Heiligenstein (savagnin rose, 2018). “Il s’agit d’un cépage oublié, cousin du traminer, qui aurait dû être arrêté. Nous avons obtenu en 1970 une autorisation pour trente ans”, précise Danielle Burckel-Jung, qui transmet actuellement le domaine à ses enfants.
A Rouffach, le domaine de l’Ecole s’autofinance grâce à la vente de ses vins, tout en accueillant les étudiants du lycée de la ville. “On laisse les raisins jusqu’à obtenir une pourriture noble”, précise son équipe en présentant le gewurtztraminer 2017 issu de vendanges tardives, au côté résolument moelleux et crémeux.
Le Pinot gris 2017 du domaine François Schmitt (lieu-dit Bollengerg Maréchal), à Orschwihr, est pour sa part assez sec, corsé, “avec beaucoup de caractère”.
La maison Kuentz-Bas, à Husseren-les-Châteaux, propose quant à elle un sylvaner (2017), “Trois cuvées/châteaux”, passé dix mois en barriques. “Très intense”, il est recommandé en accord avec des viandes blanches.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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