La crise affecte les ventes des vignerons de l’IGP Côtes de Gascogne. Ceux-ci ont pourtant multiplié les efforts pour croître ces dernières années.
La crise devrait affecter la belle croissance des vins de l’IGP Côtes de Gascogne. “Sur l’année, la perte est estimée à 20% de chiffre d’affaires en intégrant une reprise en septembre. Il faudra au moins six mois avant un retour à la normale, tandis que l’année 2021 sera moins bonne que 2019”, estime le président de l’interprofession, Alain Desprats. En mars, avril et mai, les producteurs font habituellement 20% à 30% de leur chiffre d’affaires habituel.
L’an dernier, les circuits cafés-hôtels-restaurants et cavistes ont représenté 30% des ventes, la grande distribution 10%, la vente directe 5% et l’export 60%. “Seuls certains pays comme l’Allemagne restent facilement accessibles. Les contraintes logistiques évoluent tous les jours. Janvier et février ont été des mois normaux en termes de sortie”, indiquait mi-mai Alain Desprats. Au plus fort de la crise, plusieurs producteurs ont laissé leurs commerciaux actifs afin de préparer la reprise.
Des vins qui s’adaptent à la demande
Jusqu’alors, les vins des Côtes de Gascogne réalisaient un sans-faute : la croissance de 18,8% des volumes entre 2008 et 2019 en témoigne. Sur un an, en novembre 2019, les ventes en grande distribution ont gagné 6,7% en valeur et 2% en volumes; à l’export, 5,2% en valeur et 2,6% en volumes. L’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont représenté les premiers marchés à l’export de la seconde IGP de France, derrière les Pays d’Oc. Un millier de vignerons sont impliqués, dont 800 en lien avec des caves coopératives et des négociants. En 2019, la production des vins IGP Côtes de Gascogne s’est élevée à 808 809 hectolitres (+2,1 %).
Les vins blancs représentent 85% de la production, au départ uniquement avec du colombard et de l’ugni-blanc, puis du sauvignon, du gros et du petit manseng. “On revendique le côté frais et fruités de nos vins. Le prix de vente moyen au caveau est de 5 à 6 euros. En grande distribution, nous sommes aidés par notre positionnement en étant présents dans les apéritifs, les soirées et auprès des jeunes. La consommation de vins blancs et de rosés progresse également. Nos vins ont par ailleurs un faible degré d’alcool (11° en moyenne pour un blanc sec)”, explique Alain Desprats.
Poussé il y a une vingtaine d’années par le domaine Tariquet, à Eauze (Gers), le développement en CHR s’est quant à lui effectué grâce à de nouvelles références. “Depuis vingt ans, nous avons introduit davantage de gros manseng dans notre encépagement. Nous avions beaucoup de vins pour la consommation immédiate et très fruité ; aujourd’hui, nous développons des vins plus structurés, avec plus de gras et de longueur, moins puissants aromatiquement, mais qui conviennent mieux à la table, notamment pour les poissons en sauce”, poursuit le dirigeant.
Vers des cépages plus résistants
Aujourd’hui, la filière recherche des cépages plus résistants au mildiou et à l’oïdium, avec pour objectif d’aboutir d’ici à 2033. Sept autres appellations sont engagées dans le projet, avec l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement et l’Institut français de la vigne et du vin. Des cépages emblématiques du vignoble (colombard et gros manseng en blanc, tannat en rouge) doivent être croisés avec des cépages résistants.
“Le bio progresse vite, mais nous sommes en retard par rapport à d’autres vignobles en raison de notre climat océanique, chaud et humide, qui favorise le développement des champignons. Nous avons remarqué que lorsque la vigne était uniquement traitée avec des produits à base de cuivre, seul produit autorisé en bio pour lutter contre le mildiou, impactait l’arôme de nos vins”, précise Alain Desprats. D’ici à trois ans, 80% du vignoble devrait par ailleurs être certifié au niveau 3 de la labellisation Haute valeur environnementale.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.