Portée par le succès des whiskies single malt Armorik, la distillerie Warenghem fait régulièrement évoluer la gamme et se prépare à basculer la production en bio.
A Lannion (Côtes-d’Armor), la distillerie Warenghem (20 personnes, 270 000 bouteilles de whisky vendues en 2019, 160 000 litres d’alcool produits par an, 3,6 millions d’euros de chiffre d’affaires), créée en 1983, figure parmi les pionniers du whisky français avec Armorik, sur le marché depuis 1998. L’entreprise s’était illustrée en 1987 avec le lancement de WB (Whisky Breton).
Après avoir inauguré à l’automne 2019 deux nouveaux chais (permettant de tripler le stock de whisky en vieillissement) ainsi qu’un bâtiment d’accueil pour les visiteurs (pour un total de deux millions d’euros), la distillerie a enrichi la gamme Armorik (single malt) d’une deuxième édition de sa référence 10 ans (46%) : des fûts de Bourbon et de sherry d’Armorik distillé en 2006 ont permis d’élaborer ce produit limité à 2000 exemplaires.
« La plus grosse vague actuellement, c’est le whisky français. Depuis cinq ans, on sent une accélération, plus importante depuis deux ans encore. On reste numéro un en termes de ventes, et le pionnier historique. Nous en bénéficions. Le fait que le nombre de distilleries se développe permet de faire émerger la catégorie », observe David Roussier, directeur général. Les fêtes maritimes de Brest (Finistère), prévues en juillet, devaient servir de rampe de lancement à une nouvelle référence, conçue pour l’événement. L’ensemble de la gamme a fait l’objet d’un nouveau packaging en septembre 2018.
La gamme passera en bio
C’est en septembre 2020 qu’Armorik fera évoluer sa gamme, toujours à l’occasion du Whisky Live – organisé par la Maison du Whisky, son distributeur. Des whiskies tourbés sont en préparation. Autre changement majeur, la bascule prévue à terme de l’ensemble de l’offre en bio, précédée par une nouvelle gamme spécifique à un réseau.
« La demande commence à émerger – c’est très répandu dans le vin. Depuis quelques années, on ne distille que l’orge bio. Beaucoup de microbrasseries se développent sur le local, le bio… Donc, les malteurs s’adaptent (Malteries du Château par exemple, dont nous sommes un client très ancien). Un agriculteur breton, et d’autres dans la Creuse, nous fournissent aussi de l’orge bio que l’on fait malter à façon. Même si on fait malter en Belgique, c’est important de commencer à créer une filière locale », précise David Roussier.
Le circuit CHR à développer
La grande distribution représente 60% de l’activité de Warenghem. Un secteur qui lui a fourni les « quelques commandes » enregistrées fin mars dernier, suite à la fermeture provisoire des commerces « non-essentiels ». Pour autant, le réseau bars-hôtels-restaurants « va nous aider à creuser notre légitimité », souffle David Roussier. Il y a dix ans, l’entreprise ne travaillait qu’avec la grande distribution. L’idée est aussi de travailler davantage avec la Maison du Whisky pour capter le marché parisien des bars à cocktails. « C’est un marché volatil, où nous risquons d’être en complément de gamme, face à de grands groupes », poursuit le chef d’entreprise.
David Roussier souhaiterait aussi que le chouchen et le pommeau se développent davantage : « ils sont dans l’ombre de spiritueux et ne sont plus vraiment à la mode. J’aurais davantage d’espoir sur la Fine Bretagne, qui mérite d’être connue. » Sa proposition pour la booster : préparer des highballs.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
L’interview et l’article ont été réalisés avant les mesures de confinement.