Si le coeur de métier de Google, à savoir la recherche, n’est pas directement visé, les services connexes proposées par la firme californienne le sont en revanche. Plus que l’offre proposée, c’est la méthode employée par le géant de l’internet qui fait débat.
Et une de plus ! En assignant fin mars Google en justice, Gallimard s’ajoute à la longue liste des plaignants contre le géant de la recherche Web . Il s’agit donc d’une nouvelle requête, toujours tournée contre son service d’indexation de livres directement numérisés par l’entreprise. Google Books – ou Livres, en français -, c’est son nom, propose d’effectuer des recherches sur l’intégralité du texte de 7 millions de livres.
L’ambition affichée est de mettre à disposition l’ensemble de l’information disponible, qu’elle soit nichée sur le Web, au sein d’ouvrages ou sur d’autres supports. Cet objectif, si utopique soit-il, constitue le parchemin de ses fondateurs depuis le lancement de l’entreprise.
Aujourd’hui, cette feuille de route n’est nullement remise en cause… mais la méthode employée pour y parvenir fait en revanche polémique. Son programme de numérisation d’ouvrages en constitue la partie la plus visible: au nom de la « libre disponibilité du savoir”, d’importantes quantités de livres, pas forcément tombés dans le domaine public, ont été scannés et mis en ligne de manière unilatérale, contrevenant à une règle pourtant connue de tous: les droits d’auteur. Des accords a posteriori doivent être conclus ou, dans le meilleur des cas, des appels d’offres décrochés auprès de bibliothèques. Un schéma fragile qui ne permet pas la légalité de la totalité des agissements de la firme.
En témoigne la sévérité avec laquelle la justice a sanctionné Google: en France, en décembre dernier, le tribunal de grande instance de Paris a ordonné l’exécution provisoire du jugement relatif au recours déposé par La Martinière: 300.000 euros de dommages et intérêts ainsi qu’une astreinte de 10.000 euros par jour en cas du maintien des extraits littéraires sur son service Google Books au delà des trente jours suivant la décision.
Un accord signé à Lyon
Contrefaçon de marques, parasitage, violation du droit d’auteur et de reproduction: les griefs ne manquent pas. De 3.000 à 4.000 livres émanant de l’éditeur, stockés dans des bibliothèques américaines, auraient été mis en ligne sans autorisation. De quoi alimenter la colère de toute une filière: le Syndicat national de l’édition et la très discrète Société des gens de lettres se sont engouffrés dans la bataille…Un contrat signé à Lyon
« Il n’est pas question de nous laisser déposséder de notre patrimoine au bénéfice d’un grand opérateur aussi sympathique soit-il, aussi important soit-il, aussi américain soit-il”, expliquait en décembre Nicolas Sarkozy. Sans le nommer, c’est Google qui était bien visé. L’attitude cavalière du moteur de recherche dérange, mais participe à la notoriété de ses services et à sa réputation, à savoir offrir l’accès à un maximum de connaissances.
Pour le grand public, la majorité des services sont gratuits et simples d’accès, depuis une même page. Ces polémiques n’ont cependant pas empêché la Bibliothèque nationale de France d’entamer des discussions avec le moteur de recherche, ni la bibliothèque municipale de Lyon de pactiser avec l’ennemi… 500.000 ouvrages de l’institution sont numérisés dans le plus grand secret par l’entreprise américaine.
En occupant 90% du marché de la recherche, Google peut se permettre cette posture de conquérant un peu trop zélé. Jusqu’à quand ?