La baisse de la demande a provoqué des réactions différentes en Europe et aux Etats-Unis. Les destructions d’emplois enregistrées outre-Atlantique ont permis d’accroître la productivité des firmes.
Les Norvégiens, les Luxembourgeois et les Belges peuvent se réjouir. Ils figurent en tête des peuples les plus productifs au monde, selon le Conference Board, un institut économique américain. « On pourrait objecter que le niveau très élevé des salaires en Belgique incite puissamment les entreprises à augmenter la productivité, avec l’automatisation poussée des processus de production ou encore des restructurations », explique au quotidien belge L’Echo l’économiste en chef chez Dexia Jacques de Pover.
Les performances des firmes en matière de productivité ont souffert pendant la crise: celle-ci a reculé l’an dernier de 1% aussi bien sur le globe qu’à l’intérieur de la zone euro. En Europe, la France (+0,3 % de productivité horaire du travail en 2009), la Pologne (+ 1,8%) ou l’Espagne (+ 3,8%) affichent des performances honorables sur cette période, tandis que la Grande-Bretagne (-1,9%) et l’Allemagne (-2,8%) sont à la traîne.
Les données ont été obtenues par mesure de la productivité en valeur du travail, la production étant mesurée en termes monétaires (la valeur de la production) et non physiques (le nombre de quantités produites, particulièrement variable d’une entreprise à une autre).
L’écart de productivité entre la zone euro et les Etats-Unis, qui n’a jamais été aussi important, en témoigne. Face à la baisse des carnets de commandes, les firmes européennes ont préféré opter pour des mesures de chômage partiel, entrainant des baisses de productivité. Des mesures de suppressions de postes et de réduction du nombre d’heures travaillées ont quant à elles été engagées outre-Atlantique, permettant de sauvegarder ce précieux indicateur de compétitivité.
Réduire le nombre d’emplois à l’amorce d’une récession permet aux firmes d’accroître leur productivité, avant que la production ne diminue. La sortie de crise devrait permettre aux deux aires d’enregistrer de nouveaux gains de productivité, mais le doute est permis quant aux créations d’emplois tant attendues. La relation entre récession et productivité se vérifie notamment par le biais du taux d’utilisation des capacités de production, affecté par des mesures de restriction telles qu’un arrêt des chaînes de montage.
Mesurer l’efficacité du système productif s’avère essentiel dans un contexte de mondialisation de plus en plus affirmé. La productivité d’une entreprise sera d’autant plus grande qu’elle produira une quantité donnée avec moins de facteurs de production – travail et capital. Un élément théorique à mettre en regard d’hypothèses pour le moins pessimistes formulées par de nombreux économistes: un faible usage des capacités de production dû à une demande encore médiocre, et de fortes incertitudes quant à la situation financière des entreprises.
Dans ce contexte, la notion de performance revêt une importance particulière.