Le premier «Guide des vins sans pesticides» compte faire la transparence sur les composants de la boisson phare du terroir français.
89% des Français veulent être informés de la présence éventuelle de pesticides dans les produits alimentaires. A travers un ouvrage richement illustré, complété par un portrait complet des producteurs et de leurs domaines (132 au total), la première édition du « Guide des vins zéro pesticides » (BBD Editions) y répond. Taux de sulfites, taux d’alcool, sucre, type de levures, additifs : aux cotés des fiches de dégustation, ces informations habituellement difficilement disponibles sont renseignées. Evelyne Malnic, journaliste et auteure du guide, nous en dit plus.
Pourquoi avez-vous souhaité vous intéresser aux vins zéro pesticides ?
C’est la poursuite d’un combat que je mène depuis plusieurs années pour que les amateurs de vin puissent boire bon et sain. J’ai publié trois guides de dégustation des vins bio, cinq guides de dégustation des vins en biodynamie et un ouvrage sur les vins naturels, « Grandeur nature ». C’était bien, mais peut-être pas suffisant. J’ai senti la nécessité d’aller plus loin pour sensibiliser encore plus les consommateurs sur ce qu’il y a dans la bouteille de vin. Et répondre à leur souhait d’être informés de la présence ou non des pesticides dans les aliments. Surtout quand on sait que la vigne consomme 20% des pesticides – un cinquième des pesticides totaux dont la France est la grande championne année après année, pour 3,7% de la surface cultivée.
De quelle manière avez-vous dressé la liste des vins avant dégustation ?
J’ai commencé par définir la notion de « vins zéro pesticides ». Finalement, c’était très simple : des vins vinifiés à partir de raisins cultivés sans pesticides. Donc des vins bio et biodynamiques. Je me suis adressée aux vignerons certifiés bio (Ecocert, AB, Nature & Progrès), et biodynamie (Demeter et Biodyvin). La balle était dans leur camp, le guide repose en effet sur la participation volontaire – et gratuite- des vignerons.
Quels témoignages vous ont le plus marqué lors de l’élaboration du guide ?
Il est difficile de choisir, tous les témoignages participent d’un engagement réel et sincère des vignerons, d’une recherche pour produire des vins « vrais », sains, en harmonie avec leur terroir et en préservant la santé de la planète, la santé des hommes et femmes qui travaillent la vigne et de ceux qui les boivent. J’ai bien aimé ceux qui évoquent le plaisir du vin, comme David et Frédéric Giachino (domaine éponyme, Savoie) qui attribuent un « coefficient bonheur » à leurs vins « car le vin est et doit rester un plaisir », ceux qui cherchent à « faire des vins porteurs d’émotion » (domaine Maravilhas, domaine Grand Guilhem), ou à « faire du vin ce qu’il doit être, une potion revitalisante » (Jacques Carroget, Domaine de la Paonnerie, Loire). Et cette affirmation qui justifie et résume ce guide : « tous les vins devraient être ainsi » (Philippe Delesvaux, Loire).
Comment les cavistes et les sommeliers peuvent-ils sensibiliser les consommateurs à cet enjeu ?
Il s’agit bien d’un enjeu de santé. Cette sensibilisation passe à mon avis d’abord par l’offre proposée par le caviste et le sommelier. Une offre centrée sur une sélection rigoureuse, claire et précise de vins zéro pesticides. Elle passe aussi par une bonne mise en avant dans le magasin ou sur la carte, une meilleure communication autour de ces vins. Pourquoi pas par la création d’un corner dédié chez le caviste ? Je pense aussi qu’une bonne connaissance du sujet s’avère nécessaire pour mieux informer le consommateur désireux de savoir ce qu’il y a dans la bouteille, en l’absence d’une étiquette claire et précise indiquant tous les ingrédients qui entrent dans le vin. L’idée n’est toutefois pas de dénigrer ou de stigmatiser les vins conventionnels, ni de dire que les vins zéro pesticides sont meilleurs du point de vue de la dégustation que les autres.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.