L’actualité récente permet de mettre en exergue les risques liés à une trop importante pression engendrée par le travail.
Une faute « inexcusable ». Le jugement du tribunal de sécurité sociale de Nanterre rendu le 17 décembre suite à la plainte de la veuve d’un salarié de Renault qui s’était suicidé en 2006 établit un lien entre les conditions de travail de ce dernier et le drame en question. « Il travaillait, persuadé qu’il était trop mal organisé pour finir son travail pendant les heures normales alors qu’en réalité, on lui demandait toujours plus », avait expliqué, plusieurs mois avant le jugement, son épouse.
« Nous ne disposons, pour l’instant, d’aucune mesure spécifique concernant le surmenage de nos salariés », avouait à demi-mot, mi-décembre, un porte-parole de Philips à Liaisons sociales. La déclaration fait suite à la décision d’une cour d’appel néerlandaise rappelant la nécessité pour les employeurs de contrôler l’état de santé de leur personnel, au-delà des seuls critères physiques.
Au centre de cette autre affaire, un comptable passant de 60 à 80 heures hebdomadaires à son bureau. Son ancien employeur avait argué, en 2001, lors de sa demande d’accessibilité au régime d’indemnisation des maladies professionnelles , que le salarié incriminé était censé connaître ses propres limites du fait de sa formation, et qu’il était autonome dans l’exercice de ses fonctions.
Ces deux cas, à l’épilogue différent mais aux racines quasi-similaires, illustrent le syndrome du surmenage au travail, également appelé « burnout » (épuisement professionnel). L’environnement professionnel et des paramètres d’ordre individuel influent au sein de la formation d’un stress prolongé notamment lié à l’intensité et à la quantité de travail qui incombe à l’individu concerné. Le psychanalyste américain Herbert Freudenberger, connu pour ses travaux menés à ce sujet dès 1974, mettait en avant la perte de motivation consécutive à une frustration liée à un manque de résultats, ainsi qu’un épuisement émotionnel et mental.
Un syndrome psychologique
« S’user, s’épuiser, craquer en raison de demandes excessives, d’énergie, de forces ou de ressources », telle était la première définition du burnout, qui s’est depuis prolongé à la sphère professionnelle. La crise traversée par France Télecom a notamment révélé les conséquences de modes de management axés sur le stress, des pratiques aujourd’hui prises à revers par les récents événements. La détérioration du contexte économique et les mutations qu’ont dû affronter de nombreuses entreprises a enclenché une marche forcée vers le changement, qu’il soit sur l’organisation du travail ou dans la rationalisation des effectifs.
Le management doit repérer la batterie de signes avant-coureurs manifestés par les salariés concernés. Ces symptômes, physiques mais également psychologiques, doivent interpeller la hiérarchie: une attention délicate à porter et à signaler, mais capitale dans la prévention du surmenage. De l’attitude du salarié sur son lieu de travail à ses propos, une batterie de signaux est à décrypter et prendre en compte. Cette observation s’avère toutefois particulièrement difficile à effectuer.
Le burnout peut s’interpréter comme un « syndrome psychologique à trois dimensions : un phénomène d’épuisement émotionnel, des attitudes de désengagement (…) et enfin une réduction de l’accomplissement personnel au travail », selon Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l’université de Franche-Comté, dont les travaux sur ce thème sont exposés dans une récente publication de l’établissement. Conséquence d’un stress chronique, le syndrome d’épuisement professionnel peut, estime le chercheur, être atténué par la dimension de socialisation incombant, à l’origine, au travail.
Un facteur essentiel dans la définition des modes d’organisation et de management… et primordial pour le bon fonctionnement des entreprises: les conséquences peuvent notamment être d’ordre économique, avec des salariés manifestant une volonté de démobilisation.