Une étude met en exergue l’insuffisante préparation des autorités et des professionnels aux conséquences socio-économiques du réchauffement.
Publiée la semaine dernière en catimini, « L’évaluation du coût des impacts du changement climatique et de l’adaptation en France » conduite par l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) permet de concrétiser la vision d’une France affectée par un accroissement des températures de 3°C à 4°C d’ici à la fin du siècle. Phénomène semblant lointain, et difficile à appréhender, le réchauffement climatique devient plus facile à prendre prendre en compte.
Sans surprise, c’est l’agriculture qui s’en trouvera principalement exposée. Les conditions climatiques de cet été ont donné le ton: selon Météo France, 2009 a été le cinquième été le plus chaud observé depuis 1950. La température moyenne constatée en juin, juillet et août a été 1,3 °C plus élevée que la normale saisonnière. « L’ensilage des maïs a commencé avec deux ou trois semaines d’avance. Nous allons devoir acheter des aliments complémentaires pour le bétail, car les épis sont tout petits avec très peu de grains », témoignait début septembre une agricultrice interrogée par Le Figaro.
L’étude de l’Onerc et du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie et du Développement Durable relève les nombreux changements prévus: les récoltes pourraient notamment être affectées par le stress thermique. Tandis que les rendements pourraient s’améliorer dans les régions froides, ils seraient amenés à décroître dans les régions les plus chaudes: une profonde modification géographique des lieux de production serait à prévoir. Les épisodes météorologiques extrêmes sont amenés à se multiplier.
Les territoires seront donc à prendre en compte de manière localisée, en fonction de trois critères: leur degré d’exposition à l’accroissement des températures, leurs caractéristiques socio-économiques et notamment la présence de populations sensibles (âgées, notamment), ainsi que leur capacité d’adaptation avec le déploiement de mesures spécifiques d’accompagnement. Le réchauffement climatique, bien que lent, est donc analysé comme un phénomène pouvant induire d’importantes modifications des situations actuelles.
Des mesures sectorielles
A cet effet, les auteurs de l’étude mettent en exergue la nécessité d’instaurer dès maintenant une politique de prévention, et de planifier les éventuels moyens à mettre en oeuvre à terme. Le degré d’aversion au risque des exploitants agricoles constitue, à ce titre, un indicateur de référence afin d’élaborer ces scénarios. Les chercheurs doivent se rapprocher davantage des professionnels. Les instruments de mesure actuels doivent évoluer dans le but de pouvoir établir des comparaisons au niveau communautaire.
En termes de santé, les mesures préconisées par les auteurs de l’étude s’appliquent à une population beaucoup plus large. Les coûts intangibles, tels la qualité de vie, doivent notamment être mieux caractérisés. Les bilans épidémiologiques établis lors de situations extrêmes sont à exploiter davantage, l’anticipation étant la clef de voûte des recommandations établies. Le secteur de l’énergie, stratégique, est également concerné: les données observées sur les consommations peuvent servir à anticiper les besoins en climatisation, par exemple. Les effets de la canicule sur les infrastructures sont aussi à prendre en compte, en lien avec les groupes de BTP.
Dans ce cadre, trois critères d’observation sont à prendre en compte par tous les acteurs concernés: l’échelle géographique, l’échelle temporelle, ainsi que le nombre et la nature des acteurs impliqués. Une grille de lecture indispensable pour anticiper les conséquences du réchauffement climatique, et les moyens à déployer.