Les réseaux sociaux sont à la recherche d’un modèle économique pertinent. Les plateformes grand public et professionnelles s’orientent vers des pistes différentes.
C’est une discrète modification des conditions d’utilisation de Twitter, effectuée mi-septembre, qui entérine le changement de statut d’un des réseaux sociaux les plus en vogue. La plateforme de diffusion de courts messages s’ouvre à la publicité: Twitter espère trouver un modèle économique viable, et adapté à ses besoins croissants. Lancé en 2006, le site naviguait à vue, en repoussant la question de la monétisation de son audience.
« L’idée d’afficher des bannières publicitaires sur Twitter.com a toujours été très bas sur notre liste de sources intéressantes de revenus », s’est justifié sur son blog Biz Stone, un des fondateurs du réseau social, pour expliquer cette stratégie balbutiante. Face à des coûts croissants, il y avait urgence: l’audience du site est passée de 3 millions de visiteurs uniques en juin 2008 à plus de 44 millions un an plus tard ! Twitter a levé plus de 55 millions de dollars depuis son lancement, et doit aujourd’hui rassurer les investisseurs.
Une équation qui s’applique également à un de ses principaux concurrents, Facebook, qui avait émis une offre de rachat. Crée à l’origine pour servir d’annuaire aux étudiants de l’université d’Harvard, le réseau social a connu une croissance exponentielle depuis 2004, devenant le site web le plus consulté au monde. De trois fondateurs, Facebook est passée à un effectif de plus de 700 salariés et ouvre des bureaux à l’international.
Les besoins en personnel et en serveurs explosant, la société, qui a un temps songé à s’introduire en Bourse, a dû s’attaquer plus rapidement que prévu à son modèle économique. Les débuts de la commercialisation d’espaces publicitaires ont été chaotiques: en plus des traditionnels encarts, un système basé sur les informations renseignées par les internautes sur leur profil, Beacon, a été lancé en 2007. Les « amis » et contacts de chaque internaute devaient être prévenus de chaque achat effectué depuis le site, et les utilisateurs soumis à un principe de recommandation personnalisée.
Face au tollé généré par ce système, le fondateur, Mark Zukerberg, a été contraint de faire marche arrière et de permettre aux utilisateurs de ne pas adhérer à cette fonctionnalité. Aujourd’hui, la firme basée à Pablo Alto mise sur l’innovation pour fidéliser ses internautes, accroître le temps passé sur le réseau, et espérer ainsi renforcer l’exposition aux espaces publicitaires, relativement discrets et en cohérence avec la charte graphique du site.
En France, le réseau social à vocation professionnelle Viadeo joue sur un modèle hybride pour monétiser son audience. En plus des encarts habituels et des partenariats, un système d’abonnement permet d’enrichir son profil et d’accroître le nombre de ses contacts par le biais de recherches plus poussées. A la différence de Twitter ou de Facebook, Viadeo a choisi, comme Linkedin ou Xing, de se focaliser sur la recherche d’emploi et de contacts professionnels. La qualité de l’audience s’en trouve renforcée.
L’enjeu est primordial pour les réseaux sociaux: concilier croissance de l’audience, respect de la vie privée et une potentielle rentabilité s’avère indispensable pour continuer à attirer des investisseurs, et espérer ainsi devenir des entreprises au même titre que les autres: pas seulement des vecteurs de communication entre internautes, mais aussi des supports monétisables.