En dépit de leur poids économique, les petites et moyennes entreprises apparaissent comme les acteurs économiques les plus mal préparés à une pandémie.
Comment fonctionner avec 30 % à 40 % de salariés absents ? Cette question est au centre des réflexions au sein de chaque direction des ressources humaines, et davantage pour les PME, dont les effectifs restreints constituent déjà une problématique à part entière.
« La préparation est beaucoup plus inégale suivant les sociétés. Pourtant, nous essayons de leur faire passer le message comme quoi leur préparation est très importante, car les PME sont essentielles au fonctionnement de l’économie. Si elles venaient à défaillir pendant plusieurs semaines, c’est tout le système qui en pâtirait », expliquait récemment à Challenges Joël Blondel, chef de service à la Direction générale du Travail.
Si les grandes entreprises ont, dans leur majorité, pris toutes les dispositions qui s’imposent et établi un plan de continuité de l’activité, la mise en oeuvre de telles mesures s’avère plus délicate pour de petites ou moyennes structures. Quelques dirigeants sont aux commandes de l’entreprise, quelques salariés font tourner les affaires: l’absence simultanée de plusieurs salariés peut, pour les plus petites structures, être particulièrement complexe à gérer. Dans ce contexte, prendre les précautions nécessaires s’impose.
Le ministère du Travail a publié, courant août, un questionnaire à l’usage des chefs d’entreprise et des services RH afin de les aider à élaborer leur plan de continuité de l’activité. Dix questions sont posées, parmi lesquelles l’aide ou le remplacement du chef d’entreprise, l’adaptation des horaires des salariés et le recensement de leurs coordonnées, l’établissement d’une liste des postes prioritaires, la possibilité d’un éventuel changement forcé de fournisseur, et la présence d’un stock de masques et de matériel d’hygiène en quantité suffisante.
Cette liste, si simpliste soit-elle, constitue un bon moyen pour réactiver les dispositifs prévus en cas de pandémie de grippe aviaire, en 2006/2007, et les remettre au goût du jour. Le développement massif de l’internet à haut débit et des moyens interactifs de communication permet aujourd’hui à chacun de suivre l’activité et l’actualité de son entreprise où qu’il se trouve, un élément d’importance en cas de maintien des salariés à leur domicile. Le télétravail semble s’imposer comme la solution adéquate – quelques lycées ont déjà eu l’occasion de l’expérimenter cette année.
Un cadre juridique à prendre en compte
L’accord national interprofessionnel du 19 janvier 2005 définit précisément la forme du télétravail, forme d’organisation par laquelle « un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’entreprise, est effectué hors de ces locaux de façon régulière ». En cas de pandémie, l’exercice du travail à distance serait effectué de manière exceptionnelle. A noter que le cadre juridique impose la fourniture, l’installation et la maintenance du matériel au domicile du salarié. Les droits et devoirs des salariés restent identiques à ceux en vigueur dans les locaux de l’entreprise.
Les dispositions juridiques sont également à prendre en compte dans le cadre de la modification d’éléments essentiels du contrat de travail, qui doit être effectuée avec l’accord du salarié concerné. La question des pouvoirs du chef d’entreprise devrait être surveillée de près par les syndicats et les autorités: la frontière entre mesures pouvant être imposées unilatéralement et changements nécessitant l’agrément des salariés reste ténue. Pour l’heure, le gouvernement n’a pas indiqué si des assouplissements du Code du Travail sont, ou non, envisageables en cas de diffusion à grande échelle de la pandémie.
Anticipant la complexité de la situation, deux PME bretonnes, 3D Ouest et Nevisto, viennent de présenter un logiciel de gestion d’une pandémie, se déclinant également sur internet pour les collectivités et les entreprises. La gestion des services à effectifs restreints ou des stocks s’effectue par le biais d’une interface accessible en ligne, un atout en cas d’impossibilité d’accès aux locaux. Pour les entreprises les plus prévoyantes, l’étape suivante est déjà applicable: souscrire une assurance auprès d’une des compagnies de la Lloyds, incluant un alinéa réservé au virus H1N1. Même en période sensible pour la santé, les affaires continuent.