Adapter les entreprises à l’accélération digitale, tel est le défi de Sysk, une nouvelle entreprise fondée par quatre experts du numérique. Cédric Deniaud, cofondateur de Sysk et fondateur il y a huit ans de The Persuaders, répond à nos questions. Il a auparavant œuvré chez Dell, à La Française des Jeux, chez Fullsix, puis au sein de la start-up Dimelo (marketing conversationnel avant d’être responsable digital de l’UMP (2009-2010).
Pourquoi avez-vous souhaité accompagner les entreprises dans leur mutation digitale ?
Cédric Deniaud – Le positionnement de The Persuaders est très centré sur le marketing digital. Le digital implique les métiers, les collaborateurs…et Sysk a pour vocation d’accompagner plus globalement l’accélération digitale de toute l’entreprise. Cela fait plus de vingt ans que le digital est arrivé dans les entreprises. Ce n’est pas une question de transformation : comment on crée les conditions durables de l’accélération continue ? Les entreprises avancent à des vitesses différentes : certaines sont nées avec le digital, d’autres doivent passer de «faire du digital» à «être digitales». Il faut mettre en mettre en œuvre des programmes d’acculturation et d’accélération. Beaucoup d’entreprises se concentrent encore sur des buzzwords : CDO, transformation digitale, big data… sans savoir pourquoi. Sans vision, les actions ne pourront pas être durables et n’aideront pas la transformation.
Quid des compétences ?
On travaille avec les départements RH et formation : les collaborateurs ne savent pas comment appliquer les compétences acquises dans leur formation (médias sociaux, etc.) dans leur métier. Les managers ont, de plus, tous des volontés différentes. L’entreprise avance petit bout par petit bout. A de très rares exceptions : Carrefour, par exemple, a une vraie vision, une ambition clairement fixée dans laquelle blockchain, travail collaboratif, gestion de la donnée, et lutte contre Amazon sont clairement liés.
Au cours de vos expériences, quels écueils avez-vous rencontrés en termes d’adaptation au digital ?
J’ai dû travailler pour plus de 150 entreprises environ. Ma première expérience chez Dell m’a donné envie de faire ce métier-là, en 2003, avec Internet au cœur de l’entreprise, MSN Messenger pour communiquer avec tout le monde… Je pensais que cela serait la même chose partout. Lors de mon expérience suivante, je suis arrivé dans un univers très «napoléonien» ! Cela ne se change pas avec une formation. S’acculturer, c’est long. Il faut savoir déjà renoncer à des attitudes passées. Chez Sysk, nous avons des «learnings managers» qui développe des programmes d’acculturation complet intégrant réalité virtuelle, e-learning présentiels…), des profils plutôt issus de la digitalisation au sens large de l’entreprise, et des profils « innovation » (aider les entreprises à aider à réfléchir en rupture). Pour s’acculturer, il faut faire, se tromper, penser différemment… On ne croît pas aux modèles «prêt-à-porter» pour les entreprises.
Comment accompagnez-vous les dirigeants ?
Il y a deux choses que l’on pense complémentaires. De nombreux dirigeants ne savent pas qu’ils ne savent pas. On ne peut pas changer si l’on n’est pas prêt à remettre en cause ses vieilles recettes. La deuxième chose, on revient à la notion de « sur-mesure » : trouver la bonne manière et les persuader du bien-fondé de cette approche-là afin qu’ils puissent montrer une direction à leurs équipes. La focale change aussi : je suis constructeur de matelas, mon métier est de vendre du sommeil (passer du produit à l’expérience). Sysk est un accélérateur de grandes entreprises, pour comparer avec la notion de start-up. On travaille tout aussi bien avec les ETI, des entreprises familiales que de grands groupes…
Quels cas d’entreprises peuvent être inspirants pour les managers ?
Ce que fait Carrefour a une vision, ambitieuse, pour devenir le leader de l’e-commerce sur les marchés où il est présent. On n’y va pas à moitié en tâtonnant face à Amazon. Cela doit être un modèle inspirant, sans attentisme, sans fanfreluche de la communication… La transformation digitale fait vendre, mais les entreprises sont encore dans l’illusion. Elles sont nombreuses dans ce cas.
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