Les spécificités des matières premières agricoles en font un univers particulièrement attractif, mais pas exempt de risques.
Alors que les marchés actions commencent seulement à redevenir attractifs, l’investissement sur les matières premières a constitué, au plus fort de la crise, une activité « refuge » qui a précipité à la hausse les cours du pétrole, de nombreux métaux, mais aussi des céréales. A l’abri des risques liés à une entreprise en particulier, les matières premières sont consommées partout sur le globe. Les spécificités des matières premières agricoles en font un investissement attractif mais pas sans risque. Décryptage.
Des niveaux de prix bas.. pour le moment. Les prix des matières premières agricoles sont actuellement « à des niveaux exceptionnellement bas, et leur potentiel de repli est plus faible que celui des autres produits financiers », expliquait au printemps dernier à Money Week Gautier le Molgat, consultant au cabinet spécialisé Agritel. Des récoltes globalement assez bonnes l’an dernier, et un réequilibrage survenu après l’envolée des cours au premier semestre 2008 ont pesé sur les cours. Toutefois, depuis quelques mois, la tendance s’inverse: le retour des spéculateurs et des investisseurs de long terme, et de l’industrie agroalimentaire poussent à la hausse les prix.
Des capacités de production limitées. Sur une large catégorie de cultures, la conjoncture a peu d’importance: ce sont les conditions climatiques qui guident principalement le niveau des cours, en fonction de l’impact sur le niveau des récoltes. Les capacités en terres fertiles sont limitées à l’échelle de la planète: en dépit de l’amélioration continue des techniques pour protéger les semences, les capacités de production ne sont pas extensibles. La polémique sur les terres dédiées aux biocarburants le prouve: les lieux dévolus aux cultures alimentaires sont soumis à de fortes tensions.
Un caractère cyclique particulier. Lorsqu’un marché agricole est bien approvisionné, les cours se replient et les producteurs freinent leurs investissements. De ce fait, les outils de production vieillissent et les capacités de production sont réduites, provoquant un recul prévisible de la production à moyen terme. Cette perspective induit celle d’une hausse des cours, incitant les producteurs à moderniser leurs moyens de production: ce réinvestissement est à-même de provoquer un rééquilibrage des prix. Les cours des matières premières agricoles obéissent donc à une logique très particulière.
Des prix structurellement amenés à s’apprécier. « Si la crise économique actuelle tempère la consommation, des tendances de fond structurelles vont continuer d’accroître la demande finale pendant encore de nombreuses années », justifiait en janvier dernier au Journal des finances Benjamin Louvet, gérant du fonds Prim’Kappa Agri à l’occasion du lancement de ce dernier. Ce nouveau placement constitue une opportunité pour des investisseurs de long terme désireux de profiter d’une demande destinée à s’accroître, avec une pression sur les prix toujours plus forte. Au-delà des paramètres de court terme (une année 2008 exceptionnelle du point de vue météorologique, avec des risques pour cette année), la progression de la population mondiale et la restriction des terres dédiées peuvent pousser les cours à la hausse.
Des risques liés au trading. Comme pour tout secteur soumis à des prises de positions, les cours des matières premières agricoles font les frais de la spéculation ou du désintérêt des investisseurs pour ces produits. Les fluctuations du marché dépendent principalement des anticipations des producteurs et de paramètres financiers, mais également d’objectifs dépendant des opérateurs de marché. La volatilité des cours, difficilement contrôlable par les autorités, est un paramètre à prendre en compte par tout investisseur désireux de se lancer sur le marché des matières premières.