Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France, présente la marque collective Profession brasseur et les enjeux du secteur.
L’organisation professionnelle Brasseurs de France (2,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires) souhaite accompagner avec une nouvelle marque collective, Profession brasseur, lancée en février. Maxime Costilhes, délégué général de Brasseurs de France depuis septembre, nous présente les enjeux du secteur, qui compte aujourd’hui plus de 1100 brasseries.
Pourquoi avez-vous souhaité lancer un nouveau label ?
Il fallait permettre de se repérer dans les 4000 marques et 10.000 références françaises (bières belges, anglaises, allemandes, américaines sont aussi sur le marché). Nous avons des brasseurs extraordinaires qui existent depuis 1640 ou depuis deux ans à valoriser. La France est le troisième pays européen en nombre de brasseurs, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Il y a plus de brasseries en Auvergne Rhône-Alpes qu’en Belgique (260 contre 254) ! Deux ans de travail ont été nécessaires. Beaucoup de brasseurs se sont impliqués, on a travaillé avec Certipaq, le leader de la certification et des marques de qualité. L’Institut français des boissons, de la brasserie et de la malterie (IFBM) nous a aussi accompagné.
Quels sont les critères retenus ?
Trois engagements principaux ont été définis : l’origine (brassage et conditionnement en France), la qualité (420 points de contrôle : traçabilité, analyse produits, stockage, gestion des coproduits…) et le savoir-faire : nous travaillons sur la recréation d’un titre, qui deviendra un diplôme de brasseur. En attendant, nous considérons qu’un brasseur a trois ans d’expérience. Le brasseur doit avoir sa brasserie et être propriétaire de sa marque, pour afficher le label. Fin février, nous avons enregistré 51 candidats à la certification (uniquemen dest TPE et PME) et 3 certifiés. Il faudra réduire le coût de la certification (aux alentours de 800 euros). Un audit tous les deux ans. Il va falloir aussi que Certipaq recrute. Il y a des brasseurs qui vont vouloir faire reconnaitre leur savoir-faire, et des brasseurs qui voudront se confronter à un audit.
Qu’en est-il de la formation ?
Nous avons engagé une démarche avec les Chambres de métiers. On lance un gros travail sur l’apprentissage avec les Compagnons du devoir du tour de France et les Meilleurs ouvriers de France. Aujourd’hui, beaucoup de brasseurs arrivent ; il faut former de nouvelles personnes à la brasserie (quatre centres de formation existent aujourd’hui, en sous-capacités). Les profils sont agricoles (diversification de revenus), ingénieurs agro (qui allient leur passion et leur compétence technique), et des personnes en reconversion professionnelle (des passionnés de bière qui ont commencé à en faire chez eux).
Comment abordez-vous la question des approvisionnements ?
On a un problème structurel sur l’orge bio, qui devrait résolu d’ici trois à quatre ans. Les malts spéciaux sont aussi sous tension. Certains acteurs sont dans la démarche (Les Maltiers, Malteries Soufflet). Dernier élément, le houblon : on compte 35 000 ha aux Etats-Unis, contre 450 ha en France environ. 50 producteurs (7 dans le Nord et le reste en Alsace) sont installés. Le problème est structurel sur le conventionnel. Sur le bio, il y a un problème de maladies.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.