Changer d’approche en termes de team-building, c’est possible, explique Baptiste Bochet. Ingénieur télécoms de formation, il a lancé, début 2017, Colada, un « atelier collaboratif » à vocation B2B, pour rapprocher les collaborateurs des entreprises autour des cocktails, en développant une démarche de création par les équipes. Blogueur de longue date sur l’univers des cocktails – et désormais aussi sur le Huff Post – il observe attentivement l’essor du secteur.
Quels liens existent entre le cocktail et le management ?
Baptiste Bochet – Le cocktail est un outil pour parvenir à la cocréation. Il s’agit d’apprendre à mieux à connaitre les collaborateurs, à découvrir des saveurs, et à pitcher. La découverte, c’est un merveilleux moyen de briser la hiérarchie : le chef de ton chef découvre aussi le cocktail, et tout le monde construit ensemble. On peut aussi tisser des liens avec des clients, par exemple entre une entreprise du secteur de la publicité et son annonceur. Découverte des collaborateurs, des cocktails, des saveurs : à la fin des ateliers, les participants auront appris à mieux connaître les cocktails, à mieux connaitre leurs goûts… On crée un souvenir commun.
Comment avez-vous rejoint l’univers du cocktail ?
J’ai découvert les spiritueux il y a douze ans. J’ai été passionné par la tradition, l’héritage, l’artisanat qui y étaient liés. J’ai travaillé dans l’industrie, je suis ingénieur en cybersécurité et biométrie. J’ai découvert le cocktail il y a un peu plus de cinq ans. J’ai lu le blog et les livres de François Monti, historien belge et francophone du cocktail. On m’a proposé de reprendre le blog Cocktail Molotov, en 2012. Cela m’a ouvert des portes, puis j’ai donné des cours de cocktails. J’ai eu l’idée de lancer Colada en mars 2016. J’ai vu ce qui manquait en termes de management – j’ai travaillé chez Safran, chez Total et chez Nexans. On me répétait que 99% d’un projet, c’est l’humain. Est-ce que l’on pouvait faire quelque chose autour du cocktail et de la découverte de cet univers ?
De quelle manière se déroule un atelier ?
Une vingtaine de participants sont réunis en moyenne, de 1 heure à 2h30 selon les besoins et contraintes des clients. Je commence par leur donner l’outil cocktail : un cours très condensé d’une vingtaine de minutes sur les instruments, la différence entre shaker et mélanger, l’harmonie et l’équilibre du cocktail… Cet outil va leur servir pour la découverte des saveurs et la création de cocktails. Dans cette deuxième partie, des équipes de deux à quatre personnes sont constituées. Je mets à disposition des spiritueux, des liqueurs, des sirops et des jus maison, des aromates, des bitters… Ils goûtent un maximum d’ingrédients, et vont essayer de construire les cocktails eux-mêmes. Je passe de groupes en groupes. Cette phase dure entre demi-heure et une heure. Aucun flacon n’est dans sa bouteille d’origine, tout est anonymisé, pour pousser les gens à découvrir les différentes saveurs et aller au-delà de leurs préjugés sur les alcools.
Comment se déroule la fin des ateliers ?
L’atelier a été conçu pour pousser les gens à la découverte. Lors de la restitution, les participants trouvent une histoire drôle, un nom d’équipe et de cocktails et pitchent le tout en une minute. En fonction du désir des clients, les participants s’évaluent entre eux sur l’esthétique, le storytelling, la créativité et le goût et un groupe est désigné gagnant. Les tarifs sont dégressifs, de 90 à 50 euros par personne. Pour créer de la fidélisation, je pense à lancer des ateliers thématiques.
Vous appuyez-vous aussi sur votre expérience en entreprise ?
Je sais ce qui motive les entreprises. Je comprends les collaborateurs, les gens de l’industrie. J’ai cumulé six ans d’expérience dans l’entreprise. Souvent, les clients pensent qu’il s’agit d’un cours de cocktail classique. Je suis en contact avec les RH, les chief happiness officers, les managers… C’est très intéressant de travailler sur une matière, le cocktail, qui permet d’associer l’ensemble des participants.
De quelle manière observez-vous l’engouement pour le cocktail ?
Cela fait cinq ans que je donne des cours. Aujourd’hui, il y a toujours une méconnaissance des bars à cocktails, même à Paris. Peut-être que cela deviendra un hobby. Tant mieux aussi : si le cocktail était super bien ancré, ce ne serait pas un secteur en développement. C’est une bonne chose de constater qu’il y a une marge de progression.