Après huit ans de R&D, la start-up SM² Solutions marines, basée à Palavas-les-Flots (Hérault), a lancé Mobireef, un concept d’aquariums en milieu naturel destiné à l’hôtellerie de luxe. Présentation avec son président, Sven-Michel Lourié.
Pourquoi avez-vous lancé un projet dédié aux récifs artificiels?
Pour préserver la biodiversité, il faut maintenir les habitats dédiés, c’est aussi vrai à terre pour l’orang outan menacé en Indonésie dont les forêts primaires, (leurs habitats), sont détruites pour la culture du palmier à huile. En mer, dans le proche côtier, les ouragans et aménagements littoraux ont altérés les habitats (mort des coraux qui se désagrègent en sable). En concevant, fabriquant, immergeant des habitats marins spécifiques, nous préservons la biodiversité littorale. C’est notre travail depuis 2009, que nous étendons à l’industrie hôtelière.
Comment ces milieux crées ex-nihilo peuvent-ils permettre de sensibiliser le public aux enjeux environnementaux ?
Ces habitats sont biomimétiques : ils ont une forme naturelle qui «booste» le nombre et l’abondance des individus (une multitude de caches offrant plus de possibilité de plaire à un grand nombre d’espèces de poissons et invertébrés) ; de plus ils sont esthétiques. Après un mois de «vieillissement» de ces habitats immergés, foisonne une faune et flore marine. Dans un second temps une randonnée palmée avec un éco-guide (biologiste qui s’apuie sur les jeux de notre mallette pédagogique) est proposée par l’hôtel. La zone, d’environ 1000 m², est sécurisée en surface par des bouées.
Quels paysages peut-on retrouver dans les environnements crées par MobiReef ?
En lieu et place d’une étendue de sable pauvre (à l’exception de quelques poissons plats qui y trouvent leur compte..), se trouve une architecture de récifs artificiels agencés intelligemment par une équipe d’éthologues (l’éthologie est l’étude scientifique du comportement des espèces animales, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental). Concernant cet agencement architectural que compose le nouveau paysage, il s’agit donc davantage d’un «urbanisme» des petits fonds côtiers doté d’une vie marine «augmentée». Rien n’est virtuel !
Comment souhaitez-vous convaincre l’industrie hôtelière ?
Nous disposons de cinq arguments dont l’ordre de priorité dépend du contexte, du pays, de la culture… Il s’agit de la différenciation des hôtels de luxe voisins, pauvres en activités «outdoor» ; la contribution à la fidélisation, donc la possibilité d’accroitre le taux de remplissage, rendu possible par les évènements que l’on greffe sur MobiReef : le repeuplement de poissons participatif, par exemple ; le développement d’une activité «ecofriendly »; des revenus additionnels et la possibilité de prétendre à des éco-labels ou certifications vertes pour l’hôtellerie.
Comment financez-vous votre développement?
Le développement s’effectue en deux phases. D’une part, un déploiement de Mobireef sur trois zones (Emirats arabes unis, Maldives et Caraïbes),qui requiert 450 k€ : 100 acquis en septembre (avec Bpifrance), et 350 par un crowdfunding en cours jusqu’à la mi-décembre. Deuxièmement, le développement de trois autres produits ludo-éducatifs complémentaires sur le littoral, qui nécessitera une levée de fonds à l’horizon 2018-2019.