Les dirigeants mondiaux ont donc clairement privilégié les marchés émergents avec leur plan de relance global de 1.100 milliards de dollars, dont la majeure partie sera affectée au Fonds monétaire international (FMI). Il y a quelques années, certains se demander si le FMI avait encore un avenir. Aujourd’hui, le G20 a mis fin à ce débat. Avec le triplement de ses ressources, de 250 à 750 milliards de dollars, le FMI est le grand gagnant de ce sommet. Mais la décision d’étendre la capacité de prêt du Fonds monétaire international (FMI) va surtout bénéficier aux pays émergents dont les économies sont plus développées que des pays plus pauvres.
Mais le renouveau du FMI ne date pas du sommet. Le FMI a su s’adapter en présentant un nouveau système de lignes de crédit, censé faciliter l’emprunt pour les économies bien gérées. Ces dernières peuvent alors disposer des fonds immédiatement, soit les mettre de côté en prévision de difficultés futures. Cette mesure a notamment pour effet de rendre moins humiliant pour un gouvernement le fait de solliciter l’aide du FMI.
Le Mexique est devenu mercredi dernier le premier pays à utiliser une telle ligne de crédit, pour un montant de 47 milliards de dollars. Certains analystes estiment que la liste devrait s’allonger dans les mois à venir. Le Brésil, l’Indonésie, la Pologne, l’Afrique du Sud et la Corée du Sud pourraient être les suivants. Les pays de l’Europe de l’Est sont pour le moment le gros « client » du FMI. Sur les six derniers mois, le FMI a accordé plus de 60 milliards de dollars à la Hongrie, la Lettonie, la Roumanie, la Serbie et l’Ukraine.
Mais la question centrale demeure : l’argent prêté par le FMI sera-t-il utilisé à bon escient par les pays ? Le FMI saura-t-il évité les erreurs passées condamnées par Joseph Stiglitz dans « La grande désillusion » en 2003. Certains pays bénéficiant d’un programme d’assistance semblent déjà éprouver des difficultés à restructurer leurs économies et rembourser le FMI. Ainsi, la Hongrie a fait savoir qu’un second emprunt lui serait peut-être nécessaire, après celui conclu en octobre pour un montant de 25 milliards de dollars.
Pour aider, les pays d’Europe de l’Est, le FMI préconise même que les actuels membres de la zone euro assouplissent les règles d’adhésion afin que les pays d’Europe de l’Est qui le souhaitent puissent devenir des quasi-membres, sans forcément disposer de sièges à la Banque centrale européenne (BCE). En effet, l’ « euroïsation » offre de grands avantages pour résoudre le problème de l’accumulation de dettes en devises étrangères ce qui permettra de lever les incertitudes et restaurer la confiance.
La Lettonie, la Lituanie, l’Estonie et la Bulgarie ont déjà arrimé leurs devises à l’euro. Mais, face à la crise, ces pays risquent d’être contraints de procéder à une dévaluation. Les autres pays de la région – la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la République tchèque – ont des taux de change flottants, avec une perte d’environ 15 % par rapport à l’euro depuis le mois de juillet. Bien qu’il y ait peu de chance que la Banque Centrale Européenne prenne en compte ce conseil, cela montre bien que le FMI est de retour aux avant-postes de l’économie mondiale et qu’il compte en profiter.