Les salariés aspirent à une meilleure distinction entre leur sphère personnelle et leur environnement professionnel, en demandant plus d’avantages de la part de leurs employeurs.
Lorsque le climat économique sera plus détendu, les jeunes diplômés pourront être plus exigeants envers une de leurs préoccupations majeures: la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. L’avènement des 35 heures, il y a plus de dix ans, a mis en exergue une volonté de mieux différencier les deux phases au cours de la journée, en atténuant les répercussions du travail sur la sphère personnelle. Les aménagements d’horaires et les initiatives prises par les employeurs sont au coeur de cette demande.
Une étude réalisée par deux chercheuses de l’Ined, l’Institut national d’études démographiques, laisse toutefois apparaître que cette volonté est loin d’être assouvie: 62 % des employeurs estiment qu’il est de leur ressort d’aider les salariés à concilier vie familiale et personnelle, mais 50 % d’entre eux n’ont pris aucune mesure en la matière ! Au-delà de la réponse conventionnelle (accompagner les salariés), ces chiffres rêvèlent la difficulté des chargés du personnel à mettre en application cet objectif. L’enquête, menée sur des entreprises de plus de 20 salariés, établit par ailleurs une corrélation entre la taille de l’organisation et les moyens mis en oeuvre.
Le baromètre réalisé par l’Observatoire de la parentalité en entreprise propose une liste de mesures mises en place par les entreprises pour répondre à cette attente. 79 % des firmes interrogées mettent en avant la mise en place de mutuelles avantageuses, l’aménagement ponctuel des horaires pour des raisons familiales (à 88 %), et l’instauration de mesures pour éviter les réunions trop matinales ou trop tardives, afin de permettre aux salariés d’assister leurs enfants. A noter par ailleurs que 70 % des entreprises américaines et 67 % des entreprises britanniques proposent des horaires souples sur demande du salarié, contre 36 % en France, selon un sondage réalisé par la Caisse nationale d’allocations familiales.
Les femmes, au coeur des familles comme mères et souvent dévolues aux tâches ménagères, aspirent à davantage de différenciation entre leur travail et leur présence au domicile. « Pour des femmes managers, réussir aujourd’hui cela signifie être capable, comme les hommes, de tirer un trait sur sa vie privée et d’avoir une disponibilité totale pour son travail« , explique à Slate la sociologue Dominique Méda, auteur de nombreux ouvrages sur la place des femmes dans l’emploi. L’épineuse question du congé maternité semble encore constituer, dans certains secteurs, un frein à l’ascension professionnelle des femmes, une réalité qui change progressivement.
Pour les entrepreneurs, cette distinction entre vie privée et professionnelle relève de l’impossible, sauf s’ils souhaitent activité par le biais du portage salarial, un des moyens qui permettent d’exercer une activité seul mais de manière distinguée de la sphère familiale. « Ce qui est intéressant avec le portage salarial c’est le statut de salarié : je suis en CDI, j’ai la même sécurité, les mêmes droits, et surtout les congés payés ! En plus, quand mes enfants sont malades, je n’ai pas à m’absenter et les chefs d’entreprise ne sont pas toujours cléments envers les jeunes mamans à ce niveau-là« , témoigne à Focus carrière une mère d’enfants en bas âge qui exerce par ce dispositif.
Cette solution, qui reste encore marginale, permet toutefois de mettre en valeur les évolutions de comportements en matière de conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Le récent débat sur la possiblité éventuelle de travailler durant un arrêt-maladie vient de prouver que les Français restent sensible à cette question.