Les petites et moyennes entreprises sont confrontées à la dégradation du climat économique et financier. Les investisseurs affichent leur frilosité, et les levées de fonds deviennent problématiques.
80 % des patrons de petites et moyennes entreprises craignent un durcissement de l’accès au crédit, et 48 % d’entre eux restreignent leurs investissements : le gouvernement a beau essayer de restaurer la confiance et les moyens des dirigeants d’entreprises, et en particulier des PME, les craintes quant aux conséquences de la crise sur la possibilité de poursuivre dans des conditions normales une activité restent vives. Le sondage Ifop/KPMG réalisé pour la Confédération générale des petites et moyennes entreprises et rendu public le mois dernier est riche en enseignements : 59 % des chefs d’entreprise indiquent avoir déjà rencontré des problèmes pour obtenir un financement.
Le financement des PME, premiers employeurs du pays en additionnant le nombre de salariés, est en question depuis l’automne dernier et la propagation à l’économie réelle d’une crise de confiance lancinante et des difficultés économiques. Pour éviter au maximum de licencier, nombre d’entrepreneurs renoncent à leurs investissements et engagent des plans d’économies au lieu de chercher à croître. Cela passe par des mesures de gestion courante telles qu’un contrôle plus strict des charges, le remplacement de plusieurs primes par un treizième mois (en annualisant le temps de travail), ou recourir à des contrats aidés plutôt que classiques. Mais la mise en suspens de projets touchant aux entreprises même (fusions, rapprochements, croissance externe…) est plus problématique pour l’expansion de firmes à fort potentiel.
Bourse, holdings ISF, capital-risque: des leviers en question
Les péripéties des marchés financiers ont refroidi les investisseurs, avec pour conséquence des marges de manœuvre réduites pour les PME. « Depuis douze à dix-huit mois, il est quasiment impossible de lever des fonds en Bourse. Or, les valeurs moyennes ont choisi la Bourse comme levier de leur croissance », témoigne à l’AFP le président de l’association Middlenext, Guy Mamou-Mani. Le principal grief fait à ces valeurs est de ne pas être assez liquides (échangeables). Le fait de voir les cours particulièrement malmenés ces derniers mois est également un facteur de questionnement : ces turbulences ne reflètent pas forcément de manière exacte l’état financier des entreprises cotées.
Une mesure plus récente pour faciliter le financement des petites et moyennes entreprises réside aussi dans la loi TEPA (Travail, emploi et pouvoir d’achat), qui permet aux particuliers, sous certaines conditions et à certains plafonds, de défiscaliser une partie de leur impôt de solidarité sur la fortune. De multiples holdings se sont installées sur le créneau. Se faire connaître de ces sociétés constitue une nouvelle préoccupation pour les chefs d’entreprise. Pour cette année, la mesure court jusqu’au 15 juin. Toutefois, ce levier fait également les frais de la crise, avec une collecte attendue moindre qu’en 2008.
Le capital-risque et le capital-développement, sources majeures du financement des petites et moyennes entreprises, sont eux aussi malmenés par la crise économique et financière. Faute de pouvoir eux-mêmes lever des fonds, les investisseurs ne peuvent agir dans les PME ! Chaque année, sur ces trois dernières années, le capital-investissement a levé en moyenne plus de 10 milliards d’euros, et investi un montant quasi-identique. Le contexte difficile a grippé ces transactions, apportant un coup supplémentaire aux petites et moyennes entreprises.
A noter que, malgré ces difficultés, un rapport de l’Observatoire des PME d’Oseo rapporte un sentiment d’optimisme chez les dirigeants : « la crise actuelle ne semble pas remettre en cause l’état d’esprit général des dirigeants quand ils se projettent à long terme : près de la moitié d’entre eux restent convaincus qu’il n’existe pas de limite au développement des PME », est-il indiqué.