L’art du cocktail a été mis à l’honneur par les finalistes de la quatorzième édition des Trophées du bar, un concours-métier indépendant destiné à distinguer les espoirs du secteur.
Sara Moudoulaud, en poste au Little Red Door, un bar à cocktails du 3ème arrondissement de Paris, a remporté la quatorzième édition des Trophées du bar, lundi 15 mai à Paris. Elle s’est notamment démarquée, parmi les douze finalistes, grâce à son cocktail signature, baptisé N°5, en référence à l’univers de la parfumerie : « les distillats et les fragrances rappellent l’univers des spiritueux. On y retrouve également les nez, qui officient comme les maîtres de chai », a-t-elle expliqué, en poursuivant sur sa lancée grâce à sa recette, composée d’une note de cœur, d’une note de tête et d’une note de fond, à l’instar d’un parfum.
Sa création illustre le niveau de technicité atteint lors de ce concours-métier, organisé par Fernando Castellon (photo), auteur, formateur et consultant à travers sa société Bar expertise. « Nous avons réuni plus de 100 candidats pour des évaluations physiques, et non seulement sur dossier, dans neuf villes. Cette étape, couplée à un questionnaire à un choix multiples (QCM), nous a permis d’aboutir à une liste de douze finalistes, qui peuvent provenir d’une même ville. Tous les types d’établissements, qu’ils soient de rue ou en hôtel, sont représentés », explique-t-il. Le process a débuté fin janvier pour une publication des résultats mi-avril, un mois avant la finale composée d’une épreuve de groupe (consistant à reproduire un Cognac en 25 minutes), d’un QCM de 50 questions (extraits de livres anciens, produits et techniques), d’une session de dégustation à l’aveugle (cinq spiritueux et deux cocktails) et d’une épreuve de huit minutes sur scène avec deux cocktails, l’un personnel et l’autre tiré au sort, à préparer en deux exemplaires.
De multiples références culturelles
« Vous avez la crème des jeunes espoirs du bar », se réjouit Fernando Castellon. Les candidats n’ont pas démenti, cette année, à la règle : arrivé en deuxième position, Nicolas Chapuy, barman à l’hôtel The Peninsula, dans le 16ème arrondissement de Paris, a ainsi transporté son public au Kinkaky-Ji, un temple bouddhiste situé à Kyoto (Japon), dont l’univers a été transposé, de manière liquide, grâce à un cognac d’assemblage Fins bois, de la Suze et une réduction d’umeshu, une liqueur de prune à base de saké. En troisième position, Dimitri Baup, en poste au Sofitel Bellecour de Lyon, a quant à lui mis à l’honneur la calligraphie ainsi que « le savoir-faire, avec ses notions de transmission et de partage », avec le Chodo, un cocktail notamment composé de gin et de liqueur.
Les autres candidats ont, également, joué la carte de l’originalité lors de leurs prestations. Des cocktails en référence à la vigne (Dionysos, avec un sirop maison en guise de sucre, du vin rouge, du cognac et du champagne, de Valentin Violanti, apprenti à l’hôtel Intercontinental de Paris ; et Caudalie, « la persistance aromatique d’un vin », d’Elie Favreau, barman à l’hôtel parisien Le Burungdy, avec une réduction de vin blanc et un service dans un verre de dégustation INAO), à la profession de tonnelier (Brut de fût, accompagné d’un parfum de sciure de bois dans la salle, de Marie Cabaret, barman chez Avek, à Paris, en cours de création de son établissement), ou bien au cuir (Le Tanneur, d’Hadrien Moudoulaud, barman chez Bonhomie, à Paris) ont ainsi été présentés.
La Bretagne (avec Le cœur à sarrasin, un cocktail comprenant notamment du sirop de kouign amann présenté par Robin Le Texier, du bar La Fabrique à Saint-Malo) et l’île de Jura, en Ecosse (One for Alex, un hommage au chauffeur du bus local, avec du whisky en référence à la distillerie locale et une bière vieillie en fûts, proposé par Yoann Vantorhoudt, manager du Black forest society à Lyon) ont aussi été mis à l’honneur. Les arts du cocktail (6 o’clock Martini, de Fabien Teisgen, du Code bar à Strasbourg), de la mode (La petite robe noire, de Delphine Pothin, du Blue Whales à Nice, avec une « surpiqure » de liqueur St-Germain pour « l’élégance à la française ») et des savoir-faire des geishas japonais (Hanamashi, de Laura La Joie, à l’école Ipanema de Nice) ont également été représentés.
A Athènes, un établissement renommé
Ces créations ont notamment été soumises au palais de Vasilis Kyritsis, fondateur de The Clumsies, ouvert il y a deux ans à Athènes (Grèce) et déjà classé comme neuvième bar au monde en 2016. Ouvert toute la journée, son établissement a développé une offre complète allant du petit-déjeuner au bout de la nuit, en jouant sur les couleurs et les saveurs au moyen d’un kaléidoscope. Une pièce à part, «The Room», qui n’accueille que dix personnes par soir, propose des offres dédiées. La saisonnalité des ingrédients est aussi de mise. Les participants à la finale, qui ont pu découvrir quelques-unes des recettes de ce bartender vedette, se sont mis d’accord sur son talent, si l’on se réfère au succès de son pop-up bar, une invitation à venir découvrir l’établissement in situ.
1 commentaire