Le cognac Pierre Lecat, produit dans une exploitation agricole, vise l’export. Son équipe cultive un fort engagement environnemental, approuvé par L’Explorateur du goût, distributeur de spiritueux.
C’est au nord de l’appellation Cognac, dans les Fins Bois, à mi-chemin entre la célèbre ville et Angoulême qu’un nouveau producteur a pris son essor, il y a cinq ans. « Ne vous attendez pas à arriver dans un grand domaine ! », précise le directeur général de la maison Pierre Lecat, Yann Hamonou, à l’approche des terres du groupement d’exploitation en commun (Gaec) Le Champ du frêne, à Saint-Fraigne (Charente). In situ, une distillerie s’offre au regard des visiteurs, dans le bâtiment principal d’une ferme réhabilitée. L’alambic, d’une capacité de 25 hectolitres, trône au centre de la salle principale. Les produits visent prioritairement une clientèle internationale – 98% de l’ensemble de la production de cognac est exportée.
« Nous disposons de 250 hectares cultivés, dont 26 ha de vignes. Nous distillons de longue date – l’histoire de nos cognacs a 70 ans, et nous avons recommencé à produire des eaux-de-vie de qualité dans les années 1970. 80% de notre production d’eaux-de-vie est sous contrat avec différentes maisons, tandis que 20% partent en chais de vieillissement. Nous disposions de suffisamment de stocks pour concrétiser notre souhait de disposer d’une activité résolument tournée vers l’export. Nous avons arrêté notre petite marque, Athanor, distribuée localement, pour lancer Pierre Lecat, du nom d’un horloger local qui était mon beau père », explique Jean-Luc Lassoudière, associé sur le Gaec. La notion de temps, essentielle en matière de production de spiritueux, est ainsi présente. Ce nom est, de plus, facilement identifiable.
Pour relancer et développer l’activité, les associés du Champ du frêne ont fait appel à un ami de la famille, Yann Hamonou, issu de l’univers entrepreneurial et des start-up, pour créer une nouvelle structure commerciale, en 2012. Les premiers assemblages ont été réalisés il y a quatre ans, et les premiers embouteillages (sous-traités) il y a trois ans – l’entreprise s’appuie depuis cette date sur ce stock pour débuter la commercialisation de ses produits, un VS, un VSOP et un XO. Environ 17.000 bouteilles ont été produites à cette date. Pierre Lecat est en capacité de produire 15.000 bouteilles par an, avec la possibilité de monter à 30.000 bouteilles. « On a développé un produit pour le goût, un peu plus vieux que les standards, qui vise le milieu gastronomique et les cavistes », indique Yann Hamonou.
Malgré le gel, cap sur les efforts environnementaux
Le goût, tel est le leitmotiv des six associés (quatre sur la ferme et deux dédiés à Pierre Lecat). « On essaie de mettre en avant les atouts du terroir. Un bon cognac, c’est pour 1/3 un pied de vigne (le matériau du premier vin), pour 1/3 la distillation, et pour 1/3 le vieillissement avec des chais bien ventilés et les fûts adéquats). Dans les Fins Bois, les fruits sont surlignés. Nous recourons à des fûts roux », dispose Jean-Luc Lassoudière, qui siège dans différentes instances agricoles et observe avec intérêt l’évolution de son secteur : « l’an dernier, on a compté 800 ha de plantations nouvelles sur toute la zone de production du cognac. On aperçoit de nouveaux profils, plus entrepreneurs, dans la région – il ne s’agit plus de seulement gérer une rente. »
Début mai, l’équipe constatait avec dépit – comme de nombreux vignerons en France – le gel de ses vignes, en l’occurrence ici à hauteur de 60%. « Il faudrait conditionner les aides au fait d’être assuré. Les récoltes ont habituellement lieu sur une période comprise entre le 5 et le 20 octobre, mais elles ont progressivement avancé au moins d’une semaine en raison du réchauffement climatique », ajoute Jean-Luc Lassoudière, dont l’exploitation s’est engagée dans une démarche d’agriculture raisonnée. Les déchets verts sont notamment broyés sur place afin de réaliser du compost. La ferme fait office de référence, en Charente, au sein du réseau de démonstration, expérimentation et production de référence sur les systèmes économes en phytosanitaires déployé dans le cadre du plan Ecophyto. Un grand bâtiment accueille quant à lui des panneaux solaires. Les vignes dédiées à la production de jus de raisin, de vins de pays charentais et de Pineau des Charentes entament quant à elles leur conversion à l’agriculture biologique.
Au-delà des frontières
Les cognacs visent pour leur part l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède, l’Allemagne prochainement et, au grand export, la Russie, le Japon et prochainement la Chine. En revanche, hormis en Belgique et en Allemagne, le Pineau des Charentes est essentiellement vendu à proximité. Trois références sont proposées. L’exploitation fabrique aussi des miels, disponibles à la ferme. « En France, les consommateurs sont attachés à une même maison de cognac, disponible chez leur caviste. Les choses changent », ajoute Yann Hamonou, bien décidé à faire rayonner toujours plus largement l’esprit de Pierre Lecat.
L’Explorateur du goût se développe
L’engagement environnemental du Gaec a séduit François Sommer, fondateur du distributeur de spiritueux L’Explorateur du goût, crée il y a un an à Clichy (Hauts-de-Seine) et qui compte désormais trois personnes, auxquelles s’ajoutent des prestataires. Pierre Lecat a fait partie de ses premiers clients. « Le secteur n’est pas encore assez mature quant aux enjeux environnementaux, mais cela se développe. Je suis membre de 1% for the planet, je développe une politique de sourcing engagée, je travaille avec un logisticien qui améliore sa flotte et j’ai banni le plastique des publicités sur les lieux de vente », explique l’entrepreneur, qui compte aujourd’hui 300 clients et 16 marques en portefeuille.
« Les cavistes, sommeliers, chefs barmans… approuvent le fait de ne sélectionner que des produits naturels et dûment sélectionnés. Je refuse ¾ des produits proposés, que ce soit pour des questions de qualité ou de potentiel sur le marché. Il m’arrive également de solliciter l’avis de mes clients ! Parmi les success-stories de l’année, les gins Brockmans, les rhums sans adjonction Rum & Cane et le whisky Hyde (déjà en rupture de stock) sont une satisfaction », explique François Sommer, qui souhaite « continuer à développer le portefeuille clients, améliorer l’offre de service et continuer à compléter le portefeuille de marques de façon ciblée. »
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