Au pays des «geeks», le Rhum Fest Paris monte en gamme du 22 au 24 avril à Paris, avec de nouvelles conditions de dégustation.
Du 22 au 24 avril, le Rhum Fest proposera de nouvelles sessions de dégustation et des masterclass à un public volontairement réduit – 5000 particuliers et 2500 professionnels avaient arpenté les allées du Parc floral de Paris l’an dernier. Créée en 2012 et renommé Rhum Fest depuis quatre ans, le salon aborde sa nouvelle édition avec de nombreuses nouveautés présentées par son coorganisateur, Cyrille Hugon, qui a également cofondé la revue spécialisée Rumporter.
Pour cette nouvelle édition, le salon amorce une montée en gamme…
Cyrille Hugon — On apporte la volonté d’esthétiser le rhum avec des animations et des expositions. On accompagne aussi les visiteurs avec des supports historiques. Nous remplacerons les grands panneaux sur l’histoire du rhum par de petits livrets pédagogiques. Nous avons aussi relevé les prix pour pouvoir accueillir moins de visiteurs. Nous occuperons un pavillon d’un seul tenant afin de proposer un accueil plus fluide, sans négliger l’aspect festif du rhum. Il y a beaucoup de recherche d’excellence sur le rhum, mais il faut qu’il reste une fête. 50 euros, certes, cela fait une somme élevée, mais ce n’est pas la mer à boire si on souhaite s’y intéresser. On a néanmoins été assez attaqués à ce sujet sur Internet. Les conditions de dégustations seront améliorées, pour le pays des «geeks» du rhum. La France est le marché de pointe du rhum! Un important réseau de cavistes a permis à la France d’être l’eldorado du rhum pour les marques françaises.
Quels seront les temps forts du salon?
Le concours de dégustation s’étend. Nous avons gardé les subdivisions (rhums agricoles, rhums de mélasse…), et au sein de certaines subdivisions, nous avons classé les produits par taux de sucre. Avec 300 produits, le Rhum Fest Paris accueille le plus grand concours de dégustation de rhums du monde ! Les médailles seront distribuées sur le salon. Nous nous appuyons aussi sur les fortes audiences Web de Rumporter. Dans le cadre des masterclass, on aura un cours de dégustation, le dimanche, donné par le consultant en spiritueux Alexandre Vingtier. Ian Burell donnera une masterclass sur le rhum de Jamaïque Appleton. La TiPunch Cup sera lancée, et Neisson présentera son rhum bio. Les bars à cocktail seront toujours présents. Des marques veulent aussi mettre le paquet, dont HSE avec une grande surface d’exposition.
Comment avez-vous vu évoluer l’intérêt des consommateurs pour le rhum ces dernières années?
Il y a un effet «boule de neige» accentué par les réseaux sociaux : une «geekerie» s’installe, et, dans le même temps la catégorie se popularise à travers des produits faciles d’accès. Il y a connaisseurs très avertis, que l’on convie à participer à Rumporter. D’autre part, le rhum a été sorti de son image un peu vieillotte, avec les rhums doux tels que ceux de Diplomatico, qui ont amené une large population au rhum. Les réseaux de cavistes concourent à développer la connaissance du rhum. La grande distribution ne sait pas organiser ses rayons rhums (quand bien même ce travail a été fait sur le whisky), alors que des maisons comme Clément ou Dugas font de la pédagogie. Il manque des sociétés locomotives qui merchandisent des rayons entiers. Les distributeurs sont par ailleurs «jaloux» de leur réseau de cavistes.
De quelle manière les bartenders s’emparent-ils du rhum?
Le rhum est ultra-versatile. Il est présent dans plus d’un cocktail sur deux, car il a le côté festif (mojito, daiquiri…), mais est aussi poussé par la scène tiki (d’inspiration polynésienne), un «mode de vie» qui se pratiquait dans les années 1950 aux Etats-Unis, dans les jardins des maisons privées selon des idées «pré-hippies». La culture du cocktail cubain vit un nouvel âge d’or. Par ailleurs, il y a cinq ans, les bartenders connaissaient peu le rhum agricole… Rumporter a notamment travaillé avec Stephen Martin, désormais ambassadeur Saint-James, tandis que le bar parisien La Commune dispose d’une large gamme. Aujourd’hui, les bartenders ont une approche plus gastronomique.