Compte tenu du poids qu’elles représentent, la diffusion d’une attitude environnementale dans le tissu économique passe forcément par les petites et moyennes entreprises. La règlementation reste un argument majeur pour intégrer des considérations d’ordre environnemental.
Représentant 60 % de l’emploi salarié, les PME sont un vecteur essentiel pour toute initiative d’ordre économique. Sous l’impulsion de leurs clients, dont une part de grandes entreprises exposées à la pression de l’opinion, et de la réglementation, elles doivent engager des actions afin d’adopter une attitude plus tournée vers l’environnement, en différenciant deux catégories d’entreprises : celles qui devront s’adapter (industries polluantes…) et celles qui profitent de cet engouement pour l’environnement (par le biais de produits spécifiques). « La plupart des PME ne s’engagent dans le développement durable que contraintes et forcées. Elles le font essentiellement pour répondre aux cahiers des charges des donneurs d’ordres, qui ajoutent de plus en plus souvent un critère de responsabilité sociale », explique à La Tribune Patrick Widloecher, conseiller du groupe La Poste.
Dès 2003, l’Observatoire des PME publiait une étude selon laquelle les patrons de PME intégraient des questions environnementales dans la gestion de leur entreprise pour trois raisons principales : par conviction personnelle, pour s’adapter à la législation en vigueur et pour améliorer l’image de leur entreprise, les gains générés par cette adaptation n’étant alors pas scrutés de près. L’initiative des chefs d’entreprise par intérêt pour l’environnement ne constitue pas une utopie : il s’agit ni plus ni moins de prolonger des comportements éco-responsables largement diffusés dans la société, par les médias et les actions de sensibilisation.
La réglementation représente donc une incitation majeure pour les petites et moyennes entreprises, la directive Reach sur les substances chimiques, mise en application l’an dernier, ayant provoqué une prise de conscience bien plus large que son seul champ d’action. L’impact de ce chantier, qui a consisté à déclarer ou recenser toutes les substances chimiques produites ou utilisées, en amont ou en aval, apparaît comme non-négligeable. La multiplication des normes et des obligations est un levier d’action majeur. Par ailleurs, les appels d’offres incluent progressivement des aspects environnementaux et sociaux.
L’image des entreprises est également un facteur déterminant dans cette conversion au développement durable. Dans une économie mondialisée, se différencier par le biais de critères éco-responsables apporte une valeur ajoutée aux produits. Afin de promouvoir à l’échelon de l’Union européenne ces pratiques, les conditions d’éligibilité à l’éco-label européen , qui représente aujourd’hui moins de 1 % des produits vendus sur le marché communautaire, les frais de dossier feront désormais l’objet de rabais pour les PME et les TPE. Ils varient actuellement de 250 à 2.500 euros, tandis que la redevance annuelle sera plafonnée. La procédure reste toujours aussi complexe, ce qui explique, au-delà du coût, la réticence des PME à en faire la demande : il faut d’abord passer par l’organisme national compétent (en France, le groupe Afnor) avant, dans un second temps, de faire l’objet d’un audit et d’évaluations régulières des produits. Une liste de vingt-trois familles de produits éligibles est en vigueur.
Enfin, les atouts économiques générés par le passage à des modes de production plus respectueux de l’environnement peut notamment se traduire par des économies de matières premières et d’énergie : autant d’éléments essentiels en période de crise, même si le coût des investissements initiaux rebute nombre de chefs d’entreprise au premier abord. Et, aspect plus surprenant, le développement durable peut devenir un élément de motivation pour les salariés, à travers la recherche des comportements les plus responsables. De la réglementation à l’envie de passer au vert, les PME ont aujourd’hui toutes les raisons de passer au vert.