L’univers du rêve et de la créativité débridée s’invite dans les collections présentées en cette rentrée au salon Maison & Objet, tout en gardant à l’esprit l’indispensable aspect fonctionnel.
A l’instar des prochaines collections mode, on peut prendre le design d’intérieur au sérieux sans pour autant en oublier la créativité. Que ce soit dans les univers de la décoration, des ustensiles ou du design, les exposants réunis du 2 au 5 septembre au salon Maison & Objet à Villepinte (Seine-Saint-Denis) mettent à l’honneur des produits originaux qui n’oublient pas de pouvoir s’insérer dans nos maisons, appartements ou jardins… à quelques exceptions près.
Avec son univers onirique, l’exposition « House of Games », prouve ainsi qu’il est possible de faire preuve d’excentricité tout en étant connecté au monde réel. A l’intérieur de la maison de curiosités, les canapés sont jaunes, de grands yeux vous observent, des insectes rampent au mur et le salon ressemble à un jeu d’échecs géant…
Passée cette entrée en matière, ce cru de rentrée de Maison & Objet demeure décoiffant avec les tableaux et tapis de la gamme « Toiletpaper » de l’entreprise italienne Seletti, qui détonnent en jouant tout en finesse sur la vulgarité, tel ce sourire aux lèvres laissant entrevoir, sur les dents, le mot… « shit » (photo ci-dessous). Des sacs cabas, des bougies, des lampes ou bien encore des boîtes sont proposées autour des mêmes thèmes.
La Belgique tient salon
Le salon demeure néanmoins chic, comme l’illustrent les dix marques belges tenant un stand commun au sein du nouvel espace dédié aux projets. A travers l’espace « Hôtel Bel’chique », Casalis, Deknudt Mirrors, Durlet, Gardeco, Lalegno, Lithoss, Manutti, Tal, Umbrosa et Verliin ont scénarisé leurs produits – bougies, têtes de lit, fauteuils, parquet… – au sein d’un hôtel plus vrai que nature. Les tables sur-mesure alliant cire, vieux chêne et terre de Dirk Cousaert complètent ce panorama des créations belges : « l’objectif est d’être très pur au niveau des matériaux, avec des projets personnalisés. »
Des consommateurs mobinautes
Le développement d’un hall consacré aux projets est également l’occasion de se pencher sur les habitudes des consommateurs d’aujourd’hui. Ceux-ci sont résolument connectés, rappelle Thomas Volpi, directeur général France d’Houzz, une plateforme Web dédiée à l’architecture, à la décoration et au design. « Internet est un canal très important dans les phases d’inspiration et de rénovation. Plus on se rapproche de la phase d’achat, plus on va passer par Internet. Les internautes qui souhaitent rénover passent à 66% par les mobiles et tablettes, tandis que 61% des téléspectateurs sont aussi, le soir, devant leur mobile. Il s’agit du canal sur lequel vous devez donner le meilleur de vous-mêmes », explique-t-il.
Les particuliers prennent en moyenne plus de six mois à commander une cuisine : « il est important de les réactiver » durant ce processus, souligne Thomas Volpi. Pour ce faire – et acquérir de nouveaux contacts – rien de tel que de miser sur le contenu éditorial. Houzz rassemble plus de 11 millions de photos donnant accès aux professionnelles concernés par les projets présentés. « Créez et relayez du contenu en lien avec votre cible, et proposant des accès à votre e-shop même si ces articles sont dépublicitarisés, suggèrent Vincent Moulinet et Antonin Roux, respectivement chargé de communication et consultant. Sur le Web, transmettez avec passion autant que vous le feriez dans vos magasins ! »
Les designers s’invitent dans nos intérieurs
Venu du Portugal spécialement pour le salon, Antonio Alves présente pour sa part avec passion Horizon 47. Un seul produit à l’honneur, Moon, le fauteuil avec système sonore intégré développé par l’entreprise familiale. L’objet se veut élégant, avec une structure extérieure rigide en bois (photo ci-dessous).
La marque italienne Alessi, connue pour ses cafetières, à quant à elle sorti les grands moyens en recréant un cirque. Inspirée de la magie de cet univers, sa nouvelle collection de saladiers, de bocaux, de casse-noix, de seaux à glace… propose 29 produits regroupés autour de 5 personnages : l’homme fort, le bouffon, la danseuse, le chef de piste et le marchand de bonbons. Certains produits sont disponibles en édition limitée, à 999 exemplaires seulement (photo ci-dessous).
Pour les accompagner, rien de tel que du thé – les marques suisse Nunshen, espagnole HappyLab et allemande Paper & Tea entendent casser les codes de cette boisson avec des recettes et des packagings innovants.
Le design s’entend aussi à l’anglaise, comme le prouve Ross Dolton avec Trophy, un porte-vélos original élaboré depuis quatre ans. Caoutchouc et plastique, laiton… la gamme se décline en plusieurs matériaux pour un objet que l’on ne cantonnera plus au garage. En France, Maléne Schmidt utilise des feuilles de lotus pour créer des tableaux colorés, avec des toiles de coton comme support. L’entreprise danoise EBB & Flow compte quant à elle illuminer nos intérieurs avec une gamme particulièrement étendue (photos ci-dessous).
Lumière !
Au rayon luminaires, Artemide se distingue, enfin, avec LoT, un système couplant des éclairages et un logiciel permettant de réaliser des scénographies en un minimum de temps, ainsi que Big, une gamme de lettres lumineuses permettant de composer l’alphabet.
Les soucoupes de la ligne Ameluna (photo ci-dessus), développée avec Mercedes-Benz, offrent l’occasion de créer des passerelles avec entre l’univers du quotidien et des environnements plus lyriques : être créatif et fonctionnel, c’est possible.
«Une prise de conscience autour de la préservation de l’environnement»
Franck Millot, directeur de la Paris Design Week, organisée jusqu’au 10 septembre, conjointement à Maison & Objet, répond aux questions de Business & Marchés.
De quelle manière avez-vous déterminé les tendances mises à l’honneur cette année?
Comme chaque année, le thème majeur à l’honneur – House of Games – a été repris dans la Paris Design Week sous forme d’un parcours illustrant sous différents angles : agencement, objets, architecture… Les autres thèmes ont été identifiés à l’analyse des projets des participants afin de créer un «fil rouge» entre plusieurs expositions illustrant des évolutions en termes de style ou d’usages.
Comment les participants des événements s’emparent-ils du mouvement de l’upcycling?
Ce courant existe depuis plusieurs années. Il répond maintenant à une véritable prise de conscience du public. Il s’illustre par le travail de recherche de nombreux designers qui conçoivent des objets et des solutions qui sont autant de pistes d’expérimentation. Aujourd’hui, cet intérêt pour la préservation des ressources est tel que de grandes enseignes ou des institutions s’investissent dans ce mouvement et participent à sa popularisation auprès d’un large public.
2 commentaires